lundi 21 janvier 2019

passage (bis)



 

Les enfants sont partis, seules restent les bêtes traquées et douloureuses, couleur d’arc-en-ciel. Gouttes d’eau et lumière, elles s’accrochent au soleil, à la poussière du ciel. 

Les âmes se meurent et rampent, et traînent leur misère sur les chemins défaits. Elles glissent la gueule ouverte, et les naseaux en feu jusqu’au cœur de la fleur noire et vénéneuse, petite pensée ingrate dans le cœur de l’humain. 

L’orage déchire les peaux et la mousse des pierres. Les pauvres sont à genoux et prient l’inespéré en émiettant le ciel. La peur est revenue dans le cœur des enfants qui se lèvent en pleurant sur les chemins du vent.

Ils ont perdu leurs rêves, partis vers d’autres rives, où les arbres s’abreuvent à la vase du temps. La sève est absente dans leurs longs bras de glaise. Ils se troublent, l’espérance leur manque. 

Ils sont en esclavage. Ils n’ont plus rien à perdre et se battent en chantant. Ils raclent et creusent la terre, ongles retournées et doigts déchirées. Les cœurs saignent. Les cœurs s’ouvrent en grand et laissent couler leur peine, leur douleur, leur fureur en l’absence du Père. Ils sont hommes et ne sont plus humains, perdus et brisés dans ce champ de bataille, dans ce champ d'infamie où ils espèrent encore.