dimanche 17 février 2019

pour おうとう








Cher Arvo Pärt, 

Votre lettre est si belle qu’on la dirait écrite par le silence – J’ai dans un rêve commencé une lettre pour vous. Elle disait ceci : Je sais ce qu’est votre musique. Non seulement je l’ai entendue mais je l’ai vue : c’est une lame de rasoir. Elle appuie sur la membrane qui sépare le visible de l’invisible, ce monde de l’autre monde. Cette membrane est souple, gluante comme celle qui entoure le veau en train de naître, d’apparaître. Cette protection, cette peau humide qui sépare la vie de la mort, puis la mort de la vie, la lame de rasoir de vos musiques la déchire très lentement, très doucement, comme si vous incisiez l’horizon, comme on ouvre une enveloppe qui contient le plus grand amour. Voilà ce que le sommeil m’a donné : Je vous le donne à mon tour.

 Christian Bobin 
( extrait de "L'arrière-pays de Christian Bobin" de Dominique Pagnier / L'Iconoclaste ... p.238-239)






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4 commentaires:

Kaïkan a dit…

A nouveau, nous plongeons dans un même monde, Ma Maria ...
Oui, nous sommes vraiment hermanas de alma ...
Arvo Pärt m'est souvent compgnon de route et j'aime les mots de Bobin que tu as choisi ...
Il est des liens ...
Pensées toute douce vers toi, Tendre Amie <3

Kaïkan a dit…

Vole et s'envole le a et le s...
Ailleurs, s'invite, à bon escient le s ...
J'aime quand les voyelles s'habillent de liberté ;-)

おうとう a dit…

Cher Christian Bobin,
Votre silence est si beau qu'on le pourrait le prendre à la lettre – Vous l'écrivez comme comme au commencement d'un rêve. Il me dit ceci: la musique vous a reconnu. Comme je vous voie, vous l'entendez : c'est une larme d'espoir. Elle soulève la paupière qui couvre du visible l'invisible, de dehors à dedans. Elle est comme un tympan qui frémit, embué des sons primitifs qui éveillent à la vie, à la résurrection. Cette étoffe de Soi, qui camoufle d'amour la vie, la vida de amor, le déchirement silencieux de votre écriture ouvre d'une lumière fulgurante la tunique des cieux, comme la vision d'un accord parfait. Voici ce que vous me donnez : Je Vous rêve à mon tour.

おうとう a dit…

Version corrigée...

"Cher Christian Bobin,
Votre silence est si beau qu'on pourrait le prendre à la lettre – Vous l'écrivez comme comme au commencement d'un rêve. Il me dit ceci: la musique vous a reconnu. Comme je vous vois, vous l'entendez : c'est une larme d'espoir. Elle soulève la paupière qui couvre du visible l'invisible, de dehors à dedans. Elle est comme un tympan qui frémit, embué des sons primitifs qui éveillent à la vie, à la résurrection. Cette étoffe de Soi, qui camoufle d'amour la vie, la vida de amor, le déchirement silencieux de votre écriture ouvre d'une lumière fulgurante la tunique des cieux, comme la vision d'un accord parfait. Voici ce que vous me donnez : Je Vous rêve à mon tour."