dimanche 17 janvier 2016

ils ont joué et revisité cet extrait...

merci à vous pour votre belle participation






" La lecture entre bien plus tard dans l’enfance. Il faut d’abord apprendre, et c’est comme une souffrance, les premiers temps de l’exil. On apprend sa solitude lettre après lettre, le doigt sur le cœur, soulignant chaque voyelle du sang rouge. Les parents sont contents de vous voir lire, apprendre, souffrir. Ils ont toujours secrètement peur que leur enfant ne soit pas comme les autres, qu’il n’arrive pas à avaler l’alphabet, à le déglutir dans des phrases bien assises, bien droites, bien mâchées. C’est un mystère, la lecture. Comment on y parvient, on ne sait pas. Les méthodes sont ce qu’elles sont, sans importance. Un jour on reconnaît le mot sur la page, on le dit à voix haute, et c’est un bout de dieu qui s’en va, une première fracture du paradis. On continue avec le mot suivant, et l’univers qui faisait un tout ne fait plus rien que des phrases, des terres perdues dans le blanc de la page. On est à l’école, on fait son métier d’enfant. Il y a, c’est vrai, un grand bonheur de cette perte-là, de cette trouvaille première de la lecture, de sa capacité à déchiffrer une page, à contempler les ombres. "

Extrait de la préface superficiellement biffée 
de Une petite robe de fête de Christian Bobin








La lecture entre bien plus tard dans la vie pour apprendre, et c’est comme une renaissance, une terre loin de l’exil. On apprend sa solitude, on rêve en se lavant le cœur, soulignant chaque voyage d'un marque-page. Les mots sont contents de vous voir livrer bataille aux phrases, toujours secrètement peur que l'imaginaire s'en aille vers les autres, qu’il n’arrive pas à entrer dans des phrases bien assises, bien tressées, bien mises. C’est un mystère, la lecture. Consolation que l'on ne comprend pas. Les méthodes sont ce qu’elles ignorent la nuit. Le jour on reconnaît le mot sur la pointe des pieds, un souffle, c’est un bout de dieu qui s'en va refleurir les mains du paradis. On continue avec le mot : "or", et le texte qui est un tout ne fait plus rien que descendre sur l'onde... dans le blanc de la page. On entend nos soupirs d’enfant. Il y a, c’est vrai, un grand mystère dans les méandres de cette trouvaille première de la terre, prendre le temps de déchiffrer une page, à contempler l'or du temps

 Clara Anomes Do Rio (anagramme de Maria Dolores Cano)








La lecture entre bien plus tard dans la tendresse d'un cœur pour apprendre, et c’est comme une douleur de l’exil. On apprend sa solitude, on se brûle le cœur, soulignant chaque voyelle d'une étincelle. Les adultes sont contents de vous voir lire. Ils ont toujours secrètement peur que leur enfant n'égale pas les autres, qu’il n’arrive pas à décrypter les mots dans des phrases bien assises, bien bâties. C’est un mystère, la lecture. Comme une mélodie qui nous emboite le pas. Les méthodes sont ce qu’elles sont, parfois décourageantes. Un jour on reconnaît le mot sur la page, on l'apprivoise, c’est un bout de dieu qui s’encre d'une phrase au paradis. On continue avec le mot suivant et la page qui fait un tout ne fait plus rien que des mots qui babillent dans le blanc de la page. On est un cœur d’enfant. Il y a, c’est vrai, un grand bonheur de cette trouvaille première de lire et cette joie à déchiffrer une page, à contempler les signes. 
J ♥♥♥








La lecture entre bien plus tard dans l’histoire des hommes. Il faut l'apprendre, et c’est comme une chaleur qui éclaire la route de l’exil. On apprend sa solitude dans un souffle, la main sur le cœur, soulignant chaque voyelle d'un trait. Les adultes sont contents de vous voir lire, sourire à votre vie intérieure. Ils ont toujours secrètement peur que le livre ne vous happe vers les autres, qu’il n’arrive pas à vous garder dans des phrases bien assises, bien apprises. C’est un mystère, la lecture. Comme un monde sans demain, mais on ne le sait pas. Les méthodes sont ce qu’elles sont, futiles. Un jour on reconnaît le mot sur la page, on le suit du doigt, et c’est un bout de dieu qui s’en va chanter avec les anges au paradis. On continue avec le mot suivant et la vie qui faisait un tout ne fait plus rien que des mots se tenant par la main dans le blanc de la page. On est dans son monde d’enfant. Il y a, c’est vrai, un grand émerveillement de cette trouvaille première depuis les origines, cette joie à déchiffrer une page, à contempler le prodige.

François










La lecture entre bien plus tard dans l'apprentissage, une chose qu'il faut apprendre, et c'est comme une délivrance, le contraire de l'exil. On apprend sa solitude, on se répare le cœur, soulignant chaque voyelle d'un trait imaginaire. Les adultes sont contents de vous voir lire, accueillir les mots nouveaux. Ils ont toujours secrètement peur que leur enfant ne soit pas aussi brillant que les autres, qu'il n'arrive pas à lire et comprendre les mots dans des phrases bien assises. C'est un mystère, la lecture. Compagne fidèle, on ne s'en lasse pas. Les méthodes sont ce qu'elles révèlent. Un jour on reconnaît le mot sur la ligne, tel un funambule et c'est un bout de dieu qui s'enracine au paradis. On continue avec le mot que l'on multiplie, le texte qui fait un tout ne fait plus rien que des mots silencieux dans le blanc de la page. On est perdu dans sa lecture d'enfant. Il y a, c'est vrai un grand bouleversement de cette trouvaille première de l'alphabet, et déchiffrer une page, à contempler ce qui émerge du papier.

Anonyme / Alistair










La lecture entre bien plus tard dans son histoire. Il n' a plus à apprendre, et c'est comme une visiteuse inconnue qui l'extirperait de l'exil. On apprend sa solitude d'une page blanche qui transperce le cœur, soulignant chaque voyage en esprit d'un regard vide. Ils sont contents de vous voir lire, ces yeux étranges dont nous avons toujours secrètement peur que la lumière les ignore. Il a croisé les autres, qu'il n'arrive pas à rencontrer, enfermés qu'ils sont dans des phrases bien assises dont les sons construisent du silence. C'est un mystère, la lecture. Comprendre du regard ce qui ne parle pas. Les méthodes sont ce qu'elles peuvent, parfois faisant qu'un jour on reconnaît le mot sur la lèvre charnue de cette visiteuse ; c'est un bout de dieu qui s'envole, insaisissable oiseau venu du paradis. On continue avec le monde entier à explorer les cieux : un tout ne fait plus rien que de perdre son âme et se noyer soudain dans le blanc de la page. On est ainsi fragile comme un bonheur d'enfant. Il y a, c'est vrai, un grand étonnement, découvrir l'instant de cette trouvaille première devenue souvenir, juste effacement : déchiffrer une page, à contempler des mots, excuses de l'absence. 
 

Bachir Sinobint (anagramme de Christian Bobin)











La lecture entre bien plus tard dans le désir d'apprendre, et c'est comme une sortie du pays de l'exil. On apprend sa solitude, on voyage dans le cœur des mots, soulignant chaque voyelle. Qu'ils sont contents de vous voir lire les autres. Ils ont toujours secrètement peur que l'enfant n'y arrive pas les autres, qu'il n'arrive pas à retrouver la cohérence dans des phrases bien assises. C'est un mystère la lecture. Comprendre avancer pas à pas. Les méthodes sont ce qu'elles sont, un jour on reconnaît le mot sur la page ouverte devant soi et c'est un bout de dieu qui s'enfuit et tombe du paradis. On continue avec le même enthousiasme mais un Tout ne fait plus rien que des éclats dans le blanc de la page. On est à nouveau perdu. Il y a c'est vrai un glissement de cette trouvaille première, de cette joie à déchiffrer une page, à contempler l'éternité dans un mot.

Estourelle








La lecture entre bien plus tardivement en nous. Tout d'abord apprendre, et c’est comme une fraction de l’exil. On apprend sa solitude et on se forge le cœur, soulignant chaque voyelle d'un point rouge. Les parents sont contents de vous voir lire. Ils ont toujours secrètement peur que leur oisillon soit plus mauvais que les autres, qu’il n’arrive pas à appréhender les mots dans des phrases bien assises, trop hermétiques pour lui. C’est un mystère, la lecture. Commencer par apprivoiser les images cela ne se fait pas. Les méthodes sont ce qu’elles sont. Un jour on reconnaît le mot sur la page, on l'attrape, on le garde sur la langue, et c’est un bout de dieu qui s'en vient du paradis. On continue avec le mot bien en bouche, et le texte qui fait un tout ne fait plus rien que des lignes qui s'agitent dans le blanc de la page. On est un pleur d’enfant. Il y a, c’est vrai, un grand chagrin à ne pas être doté de cette trouvaille première de la lecture, de cette capacité à déchiffrer une page, à contempler les rêves qui naissent en nous.
Un qui est passé et repassé par là






" La lecture entre bien plus tard dans l’enfance. Il faut d’abord apprendre, et c’est comme une souffrance, les premiers temps de l’exil. On apprend sa solitude lettre après lettre, le doigt sur le cœur, soulignant chaque voyelle du sang rouge. Les parents sont contents de vous voir lire, apprendre, souffrir. Ils ont toujours secrètement peur que leur enfant ne soit pas comme les autres, qu’il n’arrive pas à avaler l’alphabet, à le déglutir dans des phrases bien assises, bien droites, bien mâchées. C’est un mystère, la lecture. Comment on y parvient, on ne sait pas. Les méthodes sont ce qu’elles sont, sans importance. Un jour on reconnaît le mot sur la page, on le dit à voix haute, et c’est un bout de dieu qui s’en va, une première fracture du paradis. On continue avec le mot suivant, et l’univers qui faisait un tout ne fait plus rien que des phrases, des terres perdues dans le blanc de la page. On est à l’école, on fait son métier d’enfant. Il y a, c’est vrai, un grand bonheur de cette perte-là, de cette trouvaille première de la lecture, de sa capacité à déchiffrer une page, à contempler les ombres. "

" Extrait de la préface de Une petite robe de fête
Christian Bobin


pour lire la préface en entier rendez-vous ICI

1 commentaire:

J... a dit…

Plaisir de lire toutes ces variantes
merci pour le jeu ♥♥♥