vendredi 4 mars 2016

Poète







Je remercie le ciel pour tant de force dans cette vie belle et difficile. Difficile parce que belle, et belle parce que difficile … 

Ne désespère pas Poète, ne rompt pas ta plume, ne déchire pas ton papier. Le monde a besoin de toi, de ton encre sensible qui coule de tes doigts, de ce sang dans tes veines qui panse le monde, de tes accouchements et tes délivrances, de tes mots décrassés, lavés, débauchés, de tes fenêtres ouvertes sur la mer vivante, de tes livres sans lecteurs, de tes livres dévorés … tous ne seront pas brûlés … oubliés, exterminés. Ne désespère pas Poète tend ta main… tend ton cœur à la mer dans le ciel, goutte d’eau, feuille morte… « je voudrais me glisser dans une forêt où les plantes se refermeraient et s’éteindraient derrière nous, forêt nombre de fois centenaire … »° et où les oiseaux auraient de jolis ventres doux … 

Poète, entends-tu les maux de la mer écrite, entends-tu les mots de la terre proscrite, toutes ces souffrances qui parlent en toi sans nous… qui parlent de toi et en nous … qui parlent sans toi de nous … 

Bientôt tout se diluera dans les vagues d’encre, bientôt tout se réveillera, et ce sera toi… Poète, tes mots écrits… tes mots d’écume et d’or, tes mots d’ocre en marge du ciel… tes mots de joie… « Je ris merveilleusement avec toi. Voilà la chance unique »°° 




° et °° René Char  dans Lettera amorosa




7 commentaires:

Alain Gojosso a dit…

Merci Maria.

Bien à vous.

Ariaga a dit…

Le poète ne désespère jamais car le malheur est pour lui un "déclencheur" d'images et de mots.

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS a dit…

Une trop belle espérance irrigue ce chant du cœur pour ne pas s'arrêter un instant boire à sa source.La route peut attendre un peu, le temps de cette halte, nous la retrouverons, plus loin plus forts, plus humains.
Merci Maria.
Belle soirée en toute amitié.

Roger

Annick B a dit…

C'est très beau
j'aime beaucoup

https://youtu.be/keizqK1OsBs

Anonyme a dit…

percevoir la joie au-delà du désespoir. des mots en soleils lointains.
très bel article. merci
photodilettante

François a dit…

"Nos paroles sont lentes à nous parvenir,comme si elles contenaient, séparées,une sève suffisante pour rester closes tout un hiver ;
ou mieux,comme si, à chaque extrémité de la silencieuse distance,
se mettant en joue,il leur était interdit de s’élancer et de se joindre.
Notre voix court de l’un à l’autre,mais chaque avenue, chaque treille, chaque fourré,la tire à lui, la retient, l’interroge.
Tout est prétexte à la ralentir.
Souvent je ne parle que pour toi, afin que la terre m’oublie."

René Char (Lettera amorosa p33)


Merci chère Maria pour l'être aussi
Je vous embrasse

mémoire du silence a dit…

>>>>>>>>>>>> à vous tous merci pour vos mots posés, semés, parsemés, glissés, poétisés ...... je vous embrasse sous la neige...