lundi 4 avril 2016

j'ai lu et aimé







« En attendant Bojangles » , premier roman d’Olivier Bourdeaut, une histoire d’amour fou que je viens de terminer de lire, une fable pétillante et émouvante, extravagante, légère et tragique, rythmée par la voix de Nina Simone, les souvenirs d’un enfant ébloui, et d’un mari amant-aimant. J’ai adoré cette histoire que j’ai trouvée belle, parce que l’écriture est belle et onirique. J’ai aimé cette écriture qui m’a renvoyée à celle magique de Boris Vian, qui adolescente m’avait  fascinée. Une histoire qui nous parle de folie avec poésie et beauté. Un petit livre qui ne paye pas de mine par sa couverture, mais qui est un véritable bijou. 
Cadeau d'une amie chère pour mon anniversaire.









Quatrième de couverture :

« Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur «Mr. Bojangles» de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mademoiselle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères. Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte. L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom. » 

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 « Pour recevoir le plus de gens possible, notre appartement était très grand. Sur le sol de l’entrée, les grandes dalles noires et blanches formaient un jeu de dames géant. Mon père avait acheté quarante coussins noirs et blancs et nous faisions de grandes parties le mercredi après-midi, sous le regard du cavalier prussien qui servait d’arbitre, mais qui ne disait jamais rien. Parfois mademoiselle Superfétatoire venait troubler le jeu en poussant les coussins blancs avec sa tête ou en les piquant avec son bec, toujours les blancs parce qu’elle ne les aimait pas ou les aimait trop, on ne savait pas, on n’a jamais su pourquoi, Mademoiselle avait ses secrets comme tout le monde. Dans un coin du hall, il y avait une montagne de courrier que mes parents avaient constituée en jetant, sans les ouvrir, toutes les lettres qu’ils recevaient. La montagne était si impressionnante que je pouvais me jeter dedans sans me blesser, c’était une montagne joyeuse et moelleuse qui faisait partie du mobilier. Parfois mon père me disait : 
- Si tu n’es pas sage, je te fais ouvrir le courrier pour le trier ! Mais il ne l’a jamais fait, il n’était pas méchant. Le salon était vraiment dingue. Il y avait deux fauteuils crapaud rouge sang, pour que mes parents puissent boire confortablement, une table en verre avec du sable de toutes les couleurs à l’intérieur, un immense canapé bleu capitonné sur lequel il était recommandé de sauter, c’est ma mère qui me l’avait conseillé. Souvent elle sautait avec moi, elle sautait tellement haut qu’elle touchait la boule en cristal du lustre aux mille chandelles. Mon père avait raison : si elle le voulait, elle pouvait réellement tutoyer les étoiles. En face du canapé, sur une vieille malle de voyage pleine d’autocollants de capitales, se trouvait un petit téléviseur moisi qui ne fonctionnait plus très bien. Sur toutes les chaînes passaient des images de fourmilières en gris, en noir, en blanc. Pour le punir de ses mauvais programmes, mon père l’avait chapeauté d’un bonnet d’âne. Parfois, il me disait : 
 - Si tu n’es pas sage, j’allume la télévision ! » 

p. 16 et 17



 « Il s’était aussi pris d’une touchante passion pour mademoiselle Superfétatoire, pendant une période il ne l’avait pas lâchée d’une aile. Il la suivait partout, en marchant comme elle, il imitait ses mouvements de cou, essayant de dormir debout et de partager son régime alimentaire. Une nuit, nous les avions retrouvés dans la cuisine se partageant une boîte de sardines, les pieds et les pattes pataugeant dans l’huile. Il essayait aussi de l’associer à ses jeux. 
- Papa, Mademoiselle ne comprend rien, mais vraiment rien aux règles, apprenez-moi à parler comme elle, comme ça je pourrai lui expliquer comment jouer ! m’avait-il demandé alors que l’oiseau était en train de piétiner le plateau d’un jeu de société. 
- Parlez-lui avec les mains, les yeux et le cœur, c’est encore ce qu’il y a de meilleur pour communiquer ! avais-je répondu sans me douter qu’il passerait des semaines entières une main sur le cœur, à saisir de l’autre la tête du volatile, pour plonger ses yeux grands ouverts dans les siens sans cligner d’un cil. » 

p. 114 et 115






et aussi cette version car Sammy Davis Junior  berça mon enfance et mon adolescence




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En attendant Bojangles / Olivier Bourdeaut / FINITUDE



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