dimanche 4 décembre 2016

migrants







Migrants aux yeux fiévreux
lèvres gercées par tant de sel
les profondeurs ont pris vos frères
vos fils    vos femmes   votre pays

Migrants sans terre d’accueil
sans lumière aux fenêtres de la vie
des villes ouvrent leurs tanières
pour que vous y trouviez un lit

Migrants trahis et rejetés
telles des bêtes on vous entasse
on vous chasse   on vous pourchasse
et subissez la promiscuité

Migrants nos frères de couleur
frères humains et crève-la-faim
vos vies meurtries me crèvent le cœur
vos cris   vos pleurs se perdent au loin

Migrants d’hier et d’aujourd’hui
vous êtes de toutes les histoires
vous êtes de tous les territoires
enfants d'une terre assassinée

Migrants à la chair tuméfiée
votre vie on vous l’a arrachée
vous la cherchez par-delà les frontières
dans des pays inhospitaliers 











si ils fuient de quelque pays que ce soit c'est à cause de : ceci 

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7 commentaires:

Gerard a dit…

Un texte......lui aussi sans frontières

Anonyme a dit…

Kabyles de la Chapelle et des quais de Javel
hommes de pays loin
cobayes des colonies
doux petits musiciens
soleils adolescents de la porte d’Italie
Boumians de la porte de Saint-Ouen
Apatrides d’Aubervilliers
brûleurs des grandes ordures de la ville de Paris
ébouillanteurs des bêtes trouvées mortes sur pied
au beau milieu des rues
Tunisiens de Grenelle
embauchés débauchés
manoeuvres désoeuvrés
Polaks du Marais du Temple des Rosiers

.

Cordonniers de Cordoue soutiers de Barcelone
pêcheurs des Baléares ou du cap Finistère
rescapés de Franco
et déportés de France et de Navarre
pour avoir défendu en souvenir de la vôtre
la liberté des autres

.

Esclaves noirs de Fréjus
tiraillés et parqués
au bord d’une petite mer
où peu vous vous baignez
Esclaves noirs de Fréjus
qui évoquez chaque soir
dans les locaux disciplinaires
avec une vieille boîte à cigares
et quelques bouts de fil de fer
tous les échos de vos villages
tous les oiseaux de vos forêts
et ne venez dans la capitale
que pour fêter au pas cadencé
la prise de la Bastille le quatorze juillet
Enfants du Sénégal
dépatriés expatriés et naturalisés

.

Enfants indochinois
jongleurs aux innocents couteaux
qui vendiez autrefois aux terrasses des cafés
de jolis dragons d’or faits de papier plié
Enfants trop tôt grandis et si vite en allés
qui dormez aujourd’hui de retour au pays
le visage dans la terre
et des bombes incendiaires labourant vos rizières
On vous a renvoyé
la monnaie de vos papiers dorés
on vous a retourné
vos petits couteaux dans le dos

.

Étranges étrangers
Vous êtes de la ville
vous êtes de sa vie
même si mal en vivez, même si vous en mourez .


Jacques Prévert. (Etranges étrangers)1951.

Miche a dit…

Je mettrai bien ta goutte de miel, dans ce tableau sombre, mais si beau...

Patrick Lucas a dit…

abominable pouvoir des hommes

François a dit…

Merci chère Maria de leur rendre hommage et d'avoir posé un lien vers les idées reçues.
Que Dieu vous garde.
François

Ariaga a dit…

Un texte qui parle à le fois à mon esprit, horrifié par le comportement de non humains de ceux qui rejettent l'autre et aussi à mon corps qui a la chair de poule en te lisant.

mémoire du silence a dit…

A vous tous merci beaucoup, gardons le coeur ouvert c'est ce qui importe, même quand celui-ci parait de pierre, parfois il est si tendre.
;-)