vendredi 19 mai 2017

lu dans Télérama cette semaine



le soir du second tour, le 7 mai, sur l'esplanade du Louvre / Télérama n°3514




« NE PAS EN FAIRE UN HÉROS 

Il va lui falloir résister à la « macronmania ». À ce trouble désir qu’ont parfois les peuples laminés par les crises et les inégalités, déprimés par le manque d’idées et d’avenir, de vouloir croire à un homme providentiel. Qui résoudrait tout. Et les dispenserait de leurs devoirs citoyens. Jamais en France on n’aura assisté à pareille déferlante médiatique pour célébrer l’accession au pouvoir d’un président, vantant sa jeunesse, son intelligence, sa volonté, sa rigueur, sa profondeur, sa fulgurante réussite. Avec ce physique de jeune premier – si français ! – à la Musset. Ou à la Vian. Tradition et modernité. Comme si, à travers cette image si tonique, tout un pays voulait renouer avec sa propre dynamique, se réinventer. Mais « malheureux le pays qui a besoin de héros », faisait dire Bertolt Brecht à son héros Galilée. Les talents d’Emmanuel Macron, les espérances légitimes que suscitent sa foi européenne, son désir de réactiver économiquement, démocratiquement le pays, et la gratitude qu’on lui doit d’avoir arrêté le Front national, ne doivent pas faire oublier la France, blessée et humiliée, qui n’aura pas forcément voté pour lui. D’autant que partout autour de nous le monde réputé démocratique se crispe. La brutalité y devient mode de gouvernement. Donald Trump limoge sans complexe le directeur du FBI qui supervisait une enquête dérangeante ; Benyamin Netanyahou suspend la télévision et la radio publiques israéliennes, trop indociles. Le fol engouement que suscite le plus jeune président de notre Histoire n’est pas un blanc-seing pour un exercice solitaire et cassant du pouvoir. Emmanuel Macron doit être avant tout le garant de nos libertés, de nos égalités, de nos fraternités. » 

Fabienne Pascaud / Télérama n°3514 … p.13 




2 commentaires:

Maïté/ Aliénor a dit…

Déboussolés nous sommes...
Et pas habitués à écouter le chant des sirènes.
à lire aussi le billet d'humeur de Télérama à propos du choix des journalistes autorisés à couvrir la visite au Mali.
Bien à vous...

Ariaga a dit…

Apprendre la patience ...