dimanche 22 avril 2018

résonance





Il s’étire et s’élève, s’accroche au fil ténu du ciel et se hisse vers le monde ouvert à l’infini. Il se sent bien… la bouche ouverte sur ses lèvres en fleur. 

Il caresse les arbres de sa main d’or et de feu. Il s’étire. Il s’allonge sur la rive du long fleuve, prisonnier d’une bulle, prisonnier d’un flocon, d’une pelure d’orange sur la courbe de l’ombre, une rainure sur la joue où s’endort une larme. 

Il ouvre son cœur au soleil du matin. Son rêve se poursuit. Un rêve de lumière, de liberté, de bonheur et grand voyage. Il se dévêt alors de l’ombre de la nuit et s’enroule lentement dans le lierre et le vent, dans les bras diaphanes de l’aube. 

Il rebrousse chemin. Il compte ses pas. En arrière il revient, il saigne, il geint et se donne aux griffures oubliées. Les oiseaux sont partis, les enfants sont meurtris. Sa douleur est immense et le sang se répand sur une poudre blanche qui absorbe sa raison. Il rebrousse chemin, tourne le dos au destin, et s’éloigne de demain. 

Il est roi dans le royaume de son corps, au plus près de l’intime. Il est lui en entier. Les autres sont venus, ils sont à ses côtés, ils passent et repassent, et reviennent et repartent. Ils sont UN et DEUX et plusieurs en ce monde à réunir les lambeaux du temps, les brindilles de l’arbre et l’éclat des étoiles. 

Ils défont les grains de sable, et délient les nœuds des vieilles rencontres pour en lier de nouvelles. Lui, il reprise le temps et redore les secrets que seuls les initiés pourront peut-être goûter. Les uns avec les autres ils refont le monde. Voyageurs sans bagages, sans deuils et sans regrets, ils emportent le meilleur, ce petit bout de rien qui brille au creux de l’âme. 

Ils sont dans l’éternel et déposent leurs montres, le tic-tac du temps aux pieds des lassitudes. Ils reviennent en chantant par les chemins de l’aube, sous la main fiévreuse du vent. Ils sont dans l’or du temps, le pied posé sur la fenêtre de l’âme. Ils sont enfants dévalant le sentier du haut. 

Entre leurs mains circule la poésie, poésie de l’âme qui embellit tout ce qu’elle effleure, tout ce qu’elle souffle du bout des lèvres. Ils avancent et se frôlent et se donnent en partage. Le bonheur roule dans le ciel entre les nuages, et les claires ondées, pluie de lumière qui brille comme un bouton d’or au milieu des herbes folles sur le talus. 

Ils griffent le ciel et se cachent dans l’ombre, dans les grandes herbes qui longent le mur de pierres sèches. Ils ont chaud sous le ciel. Ils ont chaud et avancent pieds nus sur le bord du grand mur, tout au bord du rebord, de ce vide qui attire et qui grise. Ils sont comme des oiseaux sous le ciel qui appelle. 

Ils sont libres comme le premier Homme. Ils sont les héritiers d’une histoire oubliée, les derniers hommes rescapés de l’origine du monde. Ils sont entrés dans la postérité, la bouche ouverte sur leurs lèvres en fleur. Ils sont rois aux pieds nus, sur le fil de l’éternité. 

Il est quelque part une fenêtre ouverte sur le monde, et un pied de roi posé sur le rebord, un pied de roi pour enjamber le ciel. 




*** 
merci à Bernard pour sa résonance




J'aimerais qu'Il soit Elle.
Elle s'écrit, de lignes en verticales.
Il se peint selon les mots qu'elle dit.
S'Il est blanc, Elle noire,
leurs phrases se métissent.
Lune et l'autre
partagent leurs lumières
Autre ment
s'il fuit ce qu'il espère
Il a faim,
toujours faim où la beauté respire
Elle est Lui
comme Il est
oiseau à plume d'Elle
Ils voyagent le jour, la nuit,
aux tréfonds de leur Être
célébrant en amour
le secret de la vie


Bernard





10 commentaires:

Merciel a dit…

Tout est Ici ... Tout en vérité. C'est beau, infiniment ... Cest merveilleux, comme Son Amour! Le Cadeau de Son Amour, Son Héritage, est notre seule Vie. Vie de Sa Vie, Amour de Son Amour, Coeur de Son Coeur !
Hier soir je L'appelais en moi. Aprés, j'ai été dans une bulle de Lumière de Lune, comme si mon corps en Lui était ça. En elle la douceur de Sa protection,mon âme. Je veux demeurer dans Ses bras sans bouger. Puis, je suis "sortie" de la bulle pour me melêr avec les Cieux dans l'Univers, les Univers et leurs galaxies. Voir, sentir l'immensité de l'Être, Son Amour infini ... et retrouver Tout Ici.

Anonyme a dit…

"des mots plus vaillants
luttent s’imposent se nouent
donnent consistance
à ce qu’il leur faut
engendrer

la main entre en action
transcrit le poème
qui lui est dicté

que dit-il ?"




Charles Juliet

Gérard a dit…

...les rois de la liberté

François a dit…

Qui sommes-nous ?
Où allons-nous ?
Que voyons-nous ?

Un très beau texte où l'émotion appelle les mots.

Bien à vous chère Maria.

François a dit…

Très belle illustration aussi.

Maïté/Aliénor a dit…

Nous sommes dans une autre temporalité, l'espace du cœur et le paysage de l'âme. Nous sommes là dans nos sensations, légers, diaphanes aussi par osmose des tissus, des pensées, de la poésie.
Ici une reine se nourrit de poésie et la retranscrit en lumière.
Bien à toi.

Bernard a dit…

Merci de ton soleil Maria!
Tu as écripeint comme jamais... noir sur blanc.

Ariaga a dit…

Ce texte est magnifique, l'illustration aussi,je vais le mettre sur ma page FB où j'espère qu'il sera apprécié à sa juste valeur.

jeanne a dit…

bonjour Maria
c'est le matin-tôt
la nuit encore, la fraicheur de la nuit
je revient sur ton texte
et des mots me happent
entre d'autres mots magnifiques..
"les autres sont venus...
...se donnent en partage..."
merci pour cette belle ouverture.

mémoire du silence a dit…

@ Merciel ...

en vérité c'est merveilleux
cadeau est la vie
coeur du coeur
bulle de lune
douceur de l’ âme
amour infini ... ici.




@ Anonyme...

Merci pour cet écho si beau !




@ Gérard...

"Il meurt lentement

Celui qui ne voyage pas,
Celui qui ne lit pas,
Celui qui n’écoute pas de musique,
Celui qui ne sait pas trouver
Grâce à ses yeux.

Il meurt lentement

Celui qui détruit son amour-propre,
Celui qui ne se laisse jamais aider.

Il meurt lentement

Celui qui devient esclave de l'habitude
Refaisant tous les jours les mêmes chemins,
Celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur
De ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu

Il meurt lentement

Celui qui évite la passion
Et son tourbillon d'émotions
Celles qui redonnent la lumière dans les yeux
Et réparent les cœurs blessés

Il meurt lentement

Celui qui ne change pas de cap
Lorsqu'il est malheureux
Au travail ou en amour,
Celui qui ne prend pas de risques
Pour réaliser ses rêves,
Celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
N'a fui les conseils sensés.

Vis maintenant !
Risque-toi aujourd'hui !
Agis tout de suite !
Ne te laisse pas mourir lentement !
Ne te prive pas d'être heureux !"

Pablo Néruda




@ François ...

Nous sommes ce que nous sommes
nous allons où nous mènent nos pas
nous voyons ce que le cœur sait voir

merci François




@ Maïté/Aliénor...

Merci beaucoup chère Maïté pour cette belle analyse qui me va en plein cœur




@ Bernard...

Merci infiniment Bernard pour tes beaux mots et ton cadeau si beau




@ Ariaga...

Petite chose faite un jour sur un coin de table,
merci Ariaga pour ton regard et ton partage ;-)




@ Jeanne...

Cette ouverture au monde souvent nous l’oublions, la négligeons, la sous-estimons, la méconnaissons, voire même la méprisons … alors qu’elle est à l’origine de l’essence de l’Être
Merci Jeanne pour avoir saisi cela










@ Merci à vous TOUS pour votre présence vous m’êtes précieux