jeudi 28 juin 2018

résonance

à un texte de Michel Chalandon  ICI
  


« Écrire comme la serre chaude capte le soleil,
pour être présent à toute chose,
comme l’on tourne la tête de tous côtés.
Ou écrire pour ne plus rien voir au-dehors,
pour s’enfermer dans la chambre noire.
Écrire comme on s’éveille.
Écrire comme on s’endort. »

Gaëtan Picon
extrait de  La vérité et les mythes 
Mercure de France



Soie 
conquête 
la place chante 
ruban     chagrin des heures

tout se répand 

sa légende     ses ardeurs 
les images déformées

les arbres inclinent les feuilles 
les nids sont célébrés 
les oiseaux au ciel frais 

d’un souffle les ombres portent l’âme en vacance 
la vieillesse scelle une alliance avec la jeunesse retrouvée 

l’eau coule     frissonne et roule 
fraîcheur sur les branches 
une larme chante sa joie 

le corps de l’ombre est cerné de rayons 
les abeilles ouvrent un chemin vers la vie 



chant sacré 
os     peau     corne     pelure 
secret perdu 
œil de l’ombre

amants enlacés tête au soleil 
flans saccagés     âmes consumées 

incantation à l’amour     simple     clair 
au monde suspendu     au monde ébahi     au monde en attente 

les bêtes passent 
regard perdu à la splendeur 

le sable pleure sous le vent 
les yeux des enfants rient sous les arbres tordus 
souvenirs ancrés à la joie 
la mémoire se lève et pique les cœurs 
les enfants sont exténués 

dans l’eau les heureux se mirent 
silence des cœurs     pureté du souffle 
la lumière est passée dans l’ombre 

un ange




***



Les ombres portées haut, l’âme en vacance.


1

 Une ganse de soie tourne et reprend la devise, les bêtes sont chargées du poids de la conquête, les erreurs sont connues et finies. Il faut veiller sur place et franchir les distances, il chante pour lui-même et défait son ruban, les chagrins sont inscrits sur les tables, attendent ceux qui lisent et commentent. Ses lèvres en tremblant chantent les heures passantes dans le jour chargé de chaleur et de raisons. Les trompes sonnent sur la tête du héros la gloire à conquérir, il se connaît lui-même et répand sa légende, les ardeurs le trempent et les images déforment ses yeux troubles. Une bannière au vent, un signe dans l’air, convoque l’horizon. Les arbres inclinent sur la table les feuilles et les nids, les oiseaux partent au ciel trouver la fortune d’un air frais et d’un souffle inépuisable. Les ombres portées haut, l’âme en vacance, foulée au pied, les vieux ont scellés des alliances. Les jeunes du jour ne sont pas hauts dans le partage. L’eau coule sur le dos et franchit les barrières, le dos frissonne et roule d’aise sous les ongles, la fraîcheur inscrit des noms sur les branches et roule dans le flot, il faut passer ici et rendre une larme et un chant pour la joie. Les ongles frottent au dos le corps plongé dans l’ombre, fourbu et ensablé et cerné de rayons. Des abeilles entament la gloire et forent dans le bois un chemin vers la vie, vers la mort, l’avenir ou le centre, le confort et l’oubli. 


2

Le chant a commencé sur un fétiche, de l’os, de la corne, de la peau, du secret, sur un œil perdu, il a glissé vers l’ombre où les amants s’enlacent, les pieds dans l’eau, la tête au soleil pour ravager leurs flans et dévorer leurs âmes. Du sortilège à l’amour pur il y a un œil simple qui bat clair et un esprit qui pense aux efforts sous le chaud dans la vérité, au monde de pendus, au monde de géants, au monde d’espérance et de combats à mort. Les bêtes courent, passent et repassent, le long regard perdu, du vide à la splendeur, dans la légèreté. Le sable vole sous le vent et pleure dans les yeux des petits enfants. Les rires sont tordus, les arbres pleurent des insectes en tête des petits. Le sable accroche en l’air des souvenirs de joie et des horreurs perdues, la mémoire se lève et frotte. Les yeux piquent et pleurent sous les arbres, les souvenirs cabrent dans le jour et peinent les enfants, les héros sont fourbus, bien loin de leurs exploits. Dans l’eau les heureux se contemplent et taisent à jamais le secret des cœurs purs. Un souffle de lumière est passé dans l’ombre sous les arbres, un ange a nommé un oiseau. 

 Michel Chalandon

14 Juillet 2006.




3 commentaires:

Kaïkan a dit…

Quelle plongée en ces mots de divers horizons ...
J'en ai l'âme toute tourneboulée et La Vie en éveil ...
Merci d'offrir Ma Maria cette pause bienfaisante ...
Merci à Michel Chalandon de lire ces mots que je croirais sortis de mon âme ...
Il est là, à l'instant, quelque chose de la reconnaissance , comme si je m'asseyais pour partager un moment précieux avec des amis ...

michel, a dit…

En éveil, à la vie ...

mémoire du silence a dit…

Nous sommes là assis, en éveil, à la vie, en amis... et c'est bon
merci