Les oiseaux se cachent et plient leurs genoux. Ils se tordent le cou sous le fardeau du ciel. Ils raclent du bec la boue des certitudes, et les débris de verre de leurs grandes lassitudes. Les enfants les regardent de leurs yeux d’or et d’argile. Ils se cognent aux absences et aux portes de l’ombre, et se grillent les ailes au soleil de minuit… dans ces longues nuits obscures emplies d’indifférence.
Jour après jour dans la lumière intense ils se couvrent d’étoiles et de pierres de lune. Ils sont enfants et rêvent d’un monde aux fenêtres claires, aux portes de nacre donnant sur une mer immense qui les yeux grands ouverts happe les remous d’un monde sous-marin. Un monde où consones et voyelles jouent à fendre l’onde en un chant cristallin.
Alors, ils sombrent et traversent la surface de cette eau qui inonde leur vie de quatre sous. D’un bon, d’un seul, ils sautent la muraille, et s’en vont de l’autre côté du miroir, voir si Dieu existe et s’il parle ce langage qui soulève les pierres. Ils retournent la peau d’un paysage incertain, perdu dans le labyrinthe d’un décor de théâtre, où les acteurs sont de grands arbres nus pleurant leurs feuilles mortes, et leurs amours défuntes.
Dans les replis de leurs visages sans âge, ils vont et viennent entre deux millénaires imbriqués et soudés, nés du vert des feuilles à l’aurore du monde. Petit soupçon du Verbe en germination dans le cœur de l’Homme.
Au bord de la falaise abrupte à l’autre bout du monde, il leur vient le désir d’apprivoiser ce costume rustique et éphémère qu’il leur faut dévêtir pour déployer leurs ailes, et s’envoler enfin vers le monde des anges ...
... Mais, ce n’était qu’un rêve sous la poigne du soleil. Réminiscences réelles. Signaux des hautes sphères, où la lumière filtre, et éclabousse le jour des restes oniriques rescapés de la nuit.

4 commentaires:
"Tant ai mon cor plen de joya
Tot me desnatura
Flors blanca cermel'h et bloja
Me sembla la freidura"
Bernartz de Ventadorn
Mon cœur est si plein de joie
Que tout me dénature
Fleurs blanches vermeilles craquent
Comme la froidure
(ma traduction)
"Qu’il est joyeux aujourd’hui
Le chêne aux rameaux sans nombre,
Mystérieux point d’appui
De toute la forêt sombre !"
Victor Hugo
L'envol est plus grand que le rêve.
Belle écriture est la vôtre, n'en déplaise à ceux qui ne savent pas la lire.
Bien à vous Maria
@ Dorio …
Merci beaucoup ami Dorio pour cette belle découverte ...
avec ses mots :
Mon cœur est vermeil
les fleurs craquent de joie
blanche froidure
@ Anonyme ...
"D’où lui vient cette gaieté ?
D’où vient qu’il vibre et se dresse,
Et semble faire à l’été
Une plus fière caresse ?"
Victor Hugo
@ Jean …
Merci Jean, merci pour vos passages généreux... et votre soutien… pas d’inquiétude, ni d’amertume … tout glisse sur mes plumes… "l’envol est plus grand que le rêve" … oui !!!
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