introspection

 Nicoletta Ceccoli / ici et ici

En cette fin de journée, elle sait qu’elle ne rentrera pas pour dormir, mais pour couler dans le monde et se perdre dans les abysses de la nuit. Elle sait qu’il sera bon de se laisser glisser et porter par l’onde, jusqu’à la mer des songes.

Elle sombrera dans les profondeurs. Seul, le fil de l’ange la reliera à l’air. Imprégnée de l’onguent des abîmes, elle chavirera comme plume dans le limon des rêves.

Ou alors, peut-être rejoindra-t-elle quelques sentiers forestiers et ses merveilles. Ces fruits, ces fleurs aux essences d’écorce, et ces lutins des bois qui courent se cacher en entendant les pas de l’homme qui approche. Ces musiciens qui soufflent leurs éloges au frémissement des branches, dans leurs maisons d’humus et de feuilles.

Elle goutera peut-être la frayeur d’être à jamais dans les broussailles, la tirant par les hanches de leurs griffes de ronces. Précipitée dans les limbes de la nuit, errant sous le voile sans nul point de repère, elle va chercher dans sa nuit quelques pistes parlant de l’avant... pour expliquer le maintenant. Elle sait aussi qu’elle peut dominer ses peurs, et être en appétit pour s’élancer à la poursuite des âmes de la nuit qui savent si habilement brouiller et travestir les indices.

Peut-être son ange la conduira-t-il à travers l’étrange, sur les bords du mystère, dans les secrets et les périphéries des villes d’hier. La tenant par la main il l’entrainera vers cette lumière au bout des ténèbres, ne sachant pas lui-même quel en est le chemin. 

(déjà posé ICI et revisité en supprimant les adjectifs)