jeudi 18 juin 2020

pierre



 




                         pierre taillée
                         pierre posée

                         chemin tordu 
                         chemin fourbu 

                         cécité et surdité 
                         la fin est là en cendre 
                         en boue          venue 

                         brisure du temps 
                         la pierre éclate
                          

                         se recompose
                         tout recommence                                      
                         la pierre inscrite 

                         la vie posée 




11 commentaires:

Anonyme a dit…

"Il disait, tu es une eau, la plus obscure,
La plus fraîche où goûter l’impartageable amour.
J’ai retenu son pas, mais parmi d’autres pierres,
Dans le boire éternel du jour plus bas que jour."

Yves Bonneboy
(Pierre Écrite)

mémoire du silence a dit…

Oh ! merci merci
Si vous saviez comme j'aime la poésie d'Yves Bonnefoy
vous me faites là un merveilleux présent ... merci !!!


Je fus assez belle.
Il se peut qu'un jour comme celui-ci me ressemble.
Mais la ronce l'emporte sur mon visage,
La pierre accable mon corps.

Approche-toi,
Servante verticale rayée de noir,
Et ton visage court.

Répands le lait ténébreux, qui exalte
Ma force simple.
Sois-moi fidèle,
Nourrice encor, mais d'immortalité.

Yves Bonnefoy / Pierre écrite

Anonyme a dit…

"O dite à demi-voix parmi les branches
O murmurée, ô tue,
Porteuse d'éternel, lune, entrouvre les grilles
Et penche-toi pour nous qui n'avons plus de jour."

Yves Bonneboy
(Pierre Écrite)

mémoire du silence a dit…

"Orages puis orages je ne fus
Qu'un chemin de la terre.
Mais les pluies apaisaient l'inapaisable terre,
Mourir a fait le lit de la nuit dans mon coeur."

Yves Bonnefoy / Pierre écrite

Laura-Solange a dit…

Toutes ces pierres ramassées, triturées,amassées, posées sur l'étagère des souvenirs,et qui nous regardent et nous apaisent...

mémoire du silence a dit…

Oui, Laura
sur les étagères ou les murets
les bords de fenêtres ou les plates-bandes
elles nous disent ce que nous fûmes
elles nous disent ce temps en nous
"comme une ombre d'étrave et comme un souvenir"*



* Y. Bonnefoy

Anonyme a dit…

"Quel est le lieu des morts,
Ont-ils droit comme nous à des chemins,
Parlent-ils, plus réels étant leurs mots,
Sont-ils l'esprit des feuillages ou des feuillages plus hauts ?

Phénix a-t-il construit pour eux un château,
Dressé pour eux une table ?
Le cri de quelque oiseau dans le feu de quelque arbre
Est-il l'espace où ils se pressent tous ?

Peut-être gisent-ils dans la feuille du lierre,
Leur parole défaite
Etant le port de la déchirure des feuilles, où la nuit vient.


Yves Bonnefoy
(Pierre Écrite)

mémoire du silence a dit…

"Le lieu des morts,
C'est peut-être le pli de l'étoffe rouge.
Peut-être tombent-ils
Dans ses mains rocailleuses ; s'aggravent-ils
Dans les touffes en mer de la couleur rouge ;
Ont-ils comme miroir
Le corps gris de la jeune aveugle ; ont-ils pour faim
Dans le chant des oiseaux ses mains de noyée.

Ou sont-ils réunis sous le sycomore ou l'érable ?
Nul bruit ne trouble plus leur assemblée.
La déesse se tient au sommet de l'arbre,
Elle incline vers eux l'aiguière d'or.

Et seul parfois le bras divin brille dans l'arbre
Et des oiseaux se taisent, d'autres oiseaux.


Yves Bonnefoy / Pierre écrite

Anonyme a dit…

"Ta jambe, nuit très dense,
Tes seins, liés,
Si noirs, ai-je perdu mes yeux,
Mes nerfs d'atroce vue
Dans cette obscurité plus âpre que la pierre,
O mon amour ?

Au centre de la lumière, j'abolis
D'abord ma tête crevassée par le gaz,
Mon nom ensuite avec tous pays,
Mes mains seules droites persistent.

En tête du cortège je suis tombé
Sans dieu, sans voix audible, sans péché,
Bête trinitaire criante."


Yves Bonnefoy
(Pierre Écrite)

mémoire du silence a dit…

Oh ! cher Anonyme
Celui-ci je le reçois en direct
et l'ai cueilli en plein vol
avant qu'il ne tombe.

Merci pour ce cheminement
poétique avec Bonnefoy

;-) :-))

mémoire du silence a dit…

"Tombe, mais douce pluie, sur le visage.
Eteins, mais lentement, le très pauvre chaleil."

Y. Bonnefoy / Pierre écrite