samedi 1 août 2020

" je me souviens "







Je me souviens des cadeaux Bonux que maman donnait toujours aux plus petits, j'en étais

Je me souviens des nounours guimauve enrobés de chocolat qui avaient meilleur goût que ceux d’aujourd’hui 

Je me souviens du cri de la chouette effraie, ma frayeur qui faisait me cacher au fond de mon lit 

Je me souviens quand j’entendis Brassens pour la première fois à la radio, j’avais six ans et je l’aimai de suite 

Je me souviens de Thierry La Fronde, de ses compagnons, et de Prince Jean 

Je me souviens de la cour d’école, celle où la maitresse me faisait tourner, en retenue après la classe avec mon livre de calcul pour que j’apprenne les tables de multiplication, tables que je n’ai jamais retenues 

Je me souviens que je n’aimais pas cette maitresse, ni ceux qui riaient de me voir retenue 

Je me souviens la bonne odeur de la cuisinière à bois, la grande table dans la cuisine celle sur laquelle maman préparait les repas et où, avec mes frères nous faisions nos devoirs d'école

Je me souviens que l’on rigolait bien 

Je me souviens que le temps passait lentement et que l’on n’était jamais pressés d’être au lendemain 

Je me souviens avoir appris à lire en écoutant et regardant mes frères aînés préparer leurs lectures 

Je me souviens que je savais déjà lire quand la méchante maîtresse au CP prétendait m’apprendre à lire 

Je me souviens des pâtes-alphabet avec lesquelles j’écrivais des mots tout autour de l’assiette 

Je me souviens que mon père se fâchait car pendant ce temps je ne mangeais pas mon potage

Je me souviens du jeu de la marelle, à cloche pied de la terre jusqu'au ciel, on y jouait du matin jusqu'au soir sans être jamais fatigués

Je me souviens des malabars roses que nous gonflions et nous éclataient en plein visage, nous collaient au nez, aux joues, aux cheveux

Je me souviens mes lectures à l'ombre du sureau en été, et derrière la cuisinière à bois en hiver

Je me souviens quand Serge avait bu l'encre violette de son encrier, ça lui coulait sur le menton, la maitresse affolée lui avait fait boire de l'eau, puis lui avait donné du lait

Je me souviens quand avec mon frère nous mangions à pleines dents les tomates chaudes dans le jardin

Je me souviens que je n'aimais pas que ma mère me peigne, ça me tirait les cheveux, alors je cachais brosses et peignes, une fois j'ai coupé les dents du peigne, je me souviens que ça avait été très difficile, et je me souviens aussi de la correction

Je me souviens que j’avais peur des sculptures de Giacometti, et qu'au même temps elles m'attiraient

Je me souviens de la mort de Giacometti, j'avais presque dix ans

Je me souviens que petite je disais déjà : "je me souviens"

Je me souviens, oui, je me souviens… de tout ceci de tout cela et plus encore, je me souviens



***







Je me souviens de mon père faisant la sieste sous le tilleul. 

Je me souviens de ma mère, quand elle faisait des bugnes, je jouai avec la petite roulette en découpant des formes bizarres dans la pâte. 

Je me souviens quand on mangeait les petites fraises dans le bois avant que le bus arrive pour nous emmener à l'école. 

Je me souviens du curé qui nous ramenait du catéchisme dans sa "deudeuche", qu'est ce qu'on rigolait. 

Je me souviens des gâteaux avec les fourmis dessus qu'une grand-mère, que j'aimais bien, nous donnait quand nous allions jouer avec ses petites-filles. 

Des maîtresses méchantes, je crois qu'on en a tous eu : 
je me souviens, moi c'était en CE1, quand tout le monde s'en allait, elle voulait m'enfermer dans la classe parce que je n'arrivais pas à faire un exercice, j'avais trop peur de rater le bus pour rentrer à la maison. 

Je me souviens de l'hiver, il y avait beaucoup de neige, j'adorais la neige et j'aime toujours la neige, oui j'ai beaucoup de souvenirs de l'hiver et de la neige. 

Je me souviens du père Noël qui arrivait avec son cheval et sa carriole dans la cour de l'école. 


Annick B



***







"Je me souviens". C'est un choix volontaire. Verbe pronominal, un prénom réfléchi. 
""Il me souvient" est un parfum discret qui embaume le rêve, un son à peine audible qui effleure mon âme, un délicat regard comme une aile furtive, une couleur de mûre sur la joue satinée... 

Quand grand-mère offrait ses pastilles violettes, aux yeux de convoitise, le regard pétillant et le sourire aux lèvres ! 
Quand dans le cahier bleu tout le long de la ligne, la plume suit le fil de la voix maternelle, la maitresse d'école... 
Quand sans un mot de trop c'est le père qui parle, donnant au cœur d'enfant la force de sa main, sculpture de la terre... 
Quand au bord du chemin, le long du caniveau, pierres scellées de mousse, surgit la certitude de retrouver ses pas, son fil d'existence... 
Quand le balancement réveille sur sa chaise l'enfant des doux voyages épris de bercements... 
"Il me souvient" 


Bernard



 




***

"Je me souviens" de Georges Pérec  ICI




***






 à vous de jouer le jeu si le cœur vous le dit

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Maria pour cette séquence nostalgique. J'ai ri en lisant le buveur d'encre, et imaginant la force déployée pour couper les dents du peigne, quelle persévérance !

Merci, pour toute cette douceur. Bel été à vous.

Miche a dit…

Ohhhhh merci !
Émue aux larmes je suis ...
:))

Laura-Solange a dit…

J'ai eu le même buveur d'encre dans ma classe: il l'avait fait parce que la maîtresse lui avait interdit d'aller boire...
C'est toujours émouvant ces souvenirs d'enfance.

Annick B a dit…

Oh moi aussi j'ai bien ri en lisant le buveur d'encre.

Je me souviens de mon père faisant la sieste sous le tilleul.

Je me souviens de ma mère, quand elle faisait des bugnes, je jouai avec la petite roulette en découpant des formes bizarres dans la pâte.

Je me souviens quand on mangeait les petites fraises dans le bois avant que le bus arrive pour nous emmener à l'école.

Je me souviens du curé qui nous ramenait du catéchisme dans sa "deudeuche", qu'est ce qu'on rigolait.

Je me souviens des gâteaux avec les fourmis dessus qu'une grand-mère, que j'aimais bien, nous donnait quand nous allions jouer avec ses petites-filles.

Des maîtresses méchantes, je crois qu'on en a tous eu :

je me souviens, moi c'était en CE1, quand tout le monde s'en allait, elle voulait m'enfermer dans la classe parce que je n'arrivais pas à faire un exercice, j'avais trop peur de rater le bus pour rentrer à la maison.

Je me souviens de l'hiver, il y avait beaucoup de neige, j'adorais la neige et j'aime toujours la neige, oui j'ai beaucoup de souvenirs de l'hiver et de la neige.

Je me souviens du père Noël qui arrivait avec son cheval et sa carriole dans la cour de l'école.

Les souvenirs d'enfance, on ne pourra jamais tous les énumérer.

Merci





Bernard a dit…

"Je me souviens". C'est un choix volontaire. Verbe pronominal, un prénom réfléchi.
""Il me souvient" est un parfum discret qui embaume le rêve, un son à peine audible qui effleure mon âme, un délicat regard comme une aile furtive, une couleur de mûre sur la joue satinée...

Quand grand-mère offrait ses pastilles violettes, aux yeux de convoitise, le regard pétillant et le sourire aux lèvres!
Quand dans le cahier bleu tout le long de la ligne, la plume suit le fil de la voix maternelle, la maitresse d'école...
Quand sans un mot de trop c'est le père qui parle, donnant au cœur d'enfant la force de sa main, sculpture de la terre...
Quand au bord du chemin, le long du caniveau, pierres scellées de mousse, surgit la certitude de retrouver ses pas, son fil d'existence...
Quand le balancement réveille sur sa chaise l'enfant des doux voyages épris de bercements...
"Il me souvient"

https://www.youtube.com/watch?v=3vLw_z1oODE

mémoire du silence a dit…

Merci à vous pour vos mots lus et écrits
merci à Annick et Bernard pour s'être prêtés au jeu

Annick et sa nostalgie d'une enfance enneigée

Bernard et son parfum de rêve, sa poésie à fleur d'âme


merci et bel été