On croirait, quand il chante, qu’il appelle une ombre
qu'il aurait entrevue un jour dans la forêt
et qu’il faudrait, fût-ce au prix de son âme, retenir :
c’est par urgence que sa voix prend feu.
Alors, à la lumière d’incendie, on aperçoit
un pré nocturne, humide, et la forêt par-delà
où il avait surpris cette ombre tendre,
ou beaucoup mieux et plus tendre qu’une ombre :
il n’y a plus que chênes et violettes, maintenant.
La voix qui a illuminé la distance retombe.
Je ne sais pas s’il a franchi le pré.
Philippe Jaccottet / Le dernier livre des Madrigaux / Gallimard... p.9
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