lundi 29 mai 2023

dérobade

 
 



 
 
Sommeil des jours, traces de soleil sur les vitres du soir. Le printemps s’achève, les jours sont plus blonds. C’est comme un peu de feu dans les sentiers du temps. Les abeilles en cortège butinent les fruits d’or et les fleurs d’argent. Cœur des mots dévasté à la sueur des armes. Entre l’herbe et la terre des sillons de lumière, ils enchantent l’enfant et éclairent leurs pères. 
 
Sous les pierres inscrites, les insectes fuient le monde, ils grouillent et se bousculent en une danse sans nombre. Pierres inscrites et soustraites aux cicatrises de la terre. Herbes rases et grains de sable, le soleil est dans l’air. Sillon d’encre dans la main. Hier encore, les paroles étaient vaines et les mots signes rares. Sur les vitres du jour suinte le sommeil.
 
 
 
 
 

4 commentaires:

Brigetoun a dit…

moins bellement dit
: oui l'été s'en vient

mémoire du silence a dit…

@ Brigetoun ...

Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.



Arthur Rimbaud

michel a dit…


Roman
Arthur Rimbaud

I

On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
– Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
– On va sous les tilleuls verts de la promenade.

Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits – la ville n’est pas loin –
A des parfums de vigne et des parfums de bière…

II

– Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon
D’azur sombre, encadré d’une petite branche,
Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche…

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! – On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête…
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête…

III

Le cœur fou robinsonne à travers les romans,
– Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l’ombre du faux col effrayant de son père…

Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif…
– Sur vos lèvres alors meurent les cavatines…

IV

Vous êtes amoureux. Loué jusqu’au mois d’août.
Vous êtes amoureux. – Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût.
– Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire !…

– Ce soir-là…, – vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade…
– On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade.

Arthur Rimbaud, Poésies

michel a dit…

"Juin ton soleil ardente lyre"
G Apollinaire