mercredi 27 mars 2024

le cœur palpite

 
 

 
 
 
Un homme meurt sous le regard d’un couteau. Le voile se déchire. L’orage éclate. Sans recours, la nuit est longue. Fenêtre ouverte sur une nuit électrique. 
 
Bouteille à la mer. Avenir incertain. Ce peu qui reste entre les lignes et les fleurs du jardin. Un cœur craque sous la vague, la rumeur va bon train. Une glissade. 
 
Sous la pierre l’amour se terre. Le cœur palpite. 
 
 
 
 
 

3 commentaires:

Brigetoun a dit…

le coeur attend... mais là ce superbe rouge fait trambler
et il y a ce regard d'un couteau

michel a dit…

Ce cœur palpite, il appelle quatre Princes,

Pierre Reverdy :

" L'émotion c'est quand le cœur respire "

Giovanni Battista Pergolesi, Pietro Metastasio, Bruce Brewer :

https://www.youtube.com/watch?v=vumfof9oKug

mémoire du silence a dit…

@ Brigetoun...

Chanson dans le sang

Il y a de grandes flaques de sang sur le monde
où s’en va-t-il tout ce sang répandu
Est-ce la terre qui le boit et qui se saoule
drôle de saoulographie alors
si sage… si monotone…
Non la terre ne se saoule pas
la terre ne tourne pas de travers
elle pousse régulièrement sa petite voiture ses quatre saisons
la pluie… la neige…
le grêle… le beau temps…
jamais elle n’est ivre
c’est à peine si elle se permet de temps en temps
un malheureux petit volcan
Elle tourne la terre
elle tourne avec ses arbres… ses jardins… ses maisons…
elle tourne avec ses grandes flaques de sang
et toutes les choses vivantes tournent avec elle et saignent…
Elle elle s’en fout
la terre
elle tourne et toutes les choses vivantes se mettent à hurler
elle s’en fout
elle tourne
elle n’arrête pas de tourner
et le sang n’arrête pas de couler…
Où s’en va-t-il tout ce sang répandu
le sang des meurtres… le sang des guerres…
le sang de la misère…
et le sang des hommes torturés dans les prisons…
le sang des enfants torturés tranquillement

par leur papa et leur maman…
et le sang des hommes qui saignent de la tête
dans les cabanons…
et le sang du couvreur
quand le couvreur glisse et tombe du toit

La guerre déclarée
j’ai pris mon courage
à deux mains
et je l’ai étranglé.

Le Ministre de la guerre :
Je poursuis.
Un hôpital détruit : dix, cent –
et je suis modeste –
peuvent être reconstruits
Et, le projet adopté à l’unanimité,
la nuit est tombée,
l’hôpital a sauté avec aux alentours

quelques bribes du quartier.
Le jour se lève sur la ville
où le rire s’amenuise, se dissipe et disparaît.
Tout redevient sérieux.
La vie, comme la Bourse, reprend son cours
et la mobilisation générale se poursuit de façon normale.

Et le sang qui arrive et qui coule à grands flots
avec le nouveau-né… avec l’enfant nouveau…
la mère qui crie… l’enfant pleure…
le sang coule… la terre tourne
la terre n’arrête pas de tourner
le sang n’arrête pas de couler
Où s’en va-t-il tout ce sang répandu
le sang des matraqués… des humiliés…
des suicidés… des fusillés… des condamnés…
et le sang de ceux qui meurent comme ça… par accident.
Dans la rue passe un vivant
avec tout son sang dedans
soudain le voilà mort
et tout son sang est dehors
et les autres vivants font disparaître le sang
ils emportent le corps
mais il est têtu le sang
et là où était le mort
beaucoup plus tard tout noir
un peu de sang s’étale encore…
sang coagulé
rouille de la vie rouille des corps
sang caillé comme le lait
comme le lait quand il tourne
quand il tourne comme la terre
comme la terre qui tourne
avec son lait… avec ses vaches…
avec ses vivants… avec ses morts…
la terre qui tourne avec ses arbres… ses vivants… ses maisons…
la terre qui tourne avec les mariages…
les enterrements…
les coquillages…
les régiments…
la terre qui tourne et qui tourne et qui tourne
avec ses grands ruisseaux de sang.


Jacques Prévert




@ michel...

Sentinelle

La cheminée garde le toit

Gomme le sommet la montagne

Le ciel passe derrière et le nuage bas

Contre l’œil qui regarde
Minuit

Il reste au fond de l’air encore un peu de bruit

Une sourde chanson qui monte

Ce qu’on entend est plus joli

Les yeux se ferment
On pourrait mourir
Le reste n’a pas pu sortir

A cause de la peur on referme la porte
Cette émotion était trop forte

La lueur qui baisse et remonte
On dirait un sein qui bat


Pierre Reverdy