lundi 13 août 2018

constellation 3


 Maître Miró…

… sur son échelle perché… repeignait le ciel de la nuit… guidé par les traces phosphorescentes des escargots qui s’en allaient à l’enterrement d’une feuille morte…

 Sexes de femmes… fleurs qui éclatent… oiseaux flèches s’envolant vers l’infini… trois cheveux et le chiffre neuf accrochés à la corne de la lune…

Au bout de la nuit … en une tache rouge baiser il fit naître le soleil… qui sourit de son œil aux femmes lascives de Gaugin… 



PERSONNAGES DANS LA NUIT
GUIDÉS PAR LES TRACES PHOSPHORESCENTES
DES ESCARGOTS  /   Joan Miró



Un et deux personnages
dans une nuit constellée
éclairée
par la trace de nacre
d'un escargot deux escargots
tout chauds

Une souris verte
qui se noie dans l'herbe
et mes yeux grands ouverts
sur les rêves de Miró 


*** 


DES ESCARGOTS 

Des escargots illuminés par le round midnight de maître Monk 
Maître Monk dans la mémoire d’un piano que guident deux colombes dans la nuit 
Deux colombes dans la nuit et la danse de leurs ailes Leurs ailes déchirées par le doux assassin de la peinture académique 
La peinture académique qui ne connaît pas l’électricité 
L’électricité juste des vagues et des brins d’herbe sous la lune 
La lune blanche découpée comme un quartier de mandarine 
Mandarine mandarin Quoi qu’a dit A dit rin Rin et Nada 
Nada qui nage dans la tête Ce bien beau pays où logent
Ces personnages dans la nuit guidés par les traces phosphorescentes des escargots
 De maître Joan Miró 

Jean-Jacques Dorio ICI 


*** 


PERSONNAGES DANS LA NUIT GUIDÉS PAR LES TRACES PHOSPHORESCENTES DES ESCARGOTS

 Rares sont ceux qui ont éprouvé le besoin d’une aide semblable en plein jour, - ce plein jour où le commun des mortels a l’aimable présentation de voir clair. Ils s’appellent Gérard, Xavier, Arthur… ceux qui ont su qu’au regard de ce qui serait à atteindre les chemins tracés, si fiers de leurs poteaux indicateurs et ne laissant rien à désirer sous le rapport du bien tangible appui du pied, ne mènent strictement nulle part. Je dis que les autres, qui se flattent d’avoir les yeux grands ouverts, sont à leur insu perdus dans un bois. A l’éveil, le tout serait de refuser à la fallacieuse clarté le sacrifice de cette lueur de labradorite qui nous dérobe trop vite et si vainement les prémonitions et les incitations du rêve de la nuit quand elle est tout ce que nous avons en propre pour nous diriger sans coup férir dans le dédale de la rue. 

André Breton / Signe ascendant (Poésie/Gallimard ...p.133)





2 commentaires:

Ariaga a dit…

J'ai été voir le site de Jean-Jacques Dorio. C'est magnifique.

Maïté/Aliénor a dit…

J'ai tellement aimé Miró.
J'aime tellement ces coquilles de mots...
Labradorite disait André Breton: comme c'est curieux!
Tous ces reflets dans les mots, les images!