dimanche 4 novembre 2018

ils attisent les braises







Ils attisent les braises, remuent la fange, grattent la terre, et piétinent les pierres. Ils entassent les herbes et griffent les liens, dénouent les ficelles et libèrent les fils qu’ils filent du bout des doigts, et ils s’en retournent sur le chemin courir après le chien. 

Tout est entamé, grignoté, rongé, dépecé. L’espérance a mal à l’âme. Les mains griffent et s’agrippent aux wagons de l’espoir, s’accrochent aux lambeaux de rage, et caressent le chien qui passe et indique la route à suivre. Là-bas, sur les rives du monde, porté par le vent un petit poisson d’or et d’argent attend l’instant. 

Dans le silence écorché, des lambeaux de vie, le massacre est parfait et tout pèse si lourd. 

Ils ont cherché le bonheur sans jamais le trouver dans cette nuit noire de cendre et d’ivoire, si lourds et si blêmes et si loin d’eux-mêmes. 

La peau est tendue, disloquée, elle s’étire et s’effile comme une toile de mailles. Ils cherchent sur la toile une goutte d’eau dans l’océan, dans cette nuit d’absence, de cendre, et ce rendez-vous d’albâtre. 





3 commentaires:

François a dit…

"L’enfant partit avec l’ange, et le chien suivit derrière. Ils marchèrent tous les deux, et quand vint le premier soir, ils campèrent le long du Tigre." (Tobie 6.1)

jeanne a dit…

"ils étaient vingt et cent
ils étaient des milliers"
et que j'aime ton dessin

Ariaga a dit…

Puissant et bouleversant.