mercredi 21 août 2019

vozes lejanas*







Voix lointaines, bruissement d’ailes, la mort éclipsée en un sourire. Tombe de cire. Soleil froissé, la vie dedans, un rayon en extase. Le ciel est rayé de couleurs printanières, la plume à l’œil, l’encre au cil. Un nuage passe au loin, là-bas là-bas, un merveilleux nuage. La porte est refermée sans serrure et sans clé. Le jour nait. 

Lèvres entrouvertes, une bouche rose avale la cendre. Le feu éteint sommeille dans l’ombre. Le silence grandit, la terre s’étire, ses graines respirent, l’humus est si tendre, confidences du jour. Sur la pierre nue au soleil "el lagarto y la lagarta con delantalitos blancos"** saupoudrent le matin de sucre doux. 

Le bonheur installé dans le jardin frotte les peaux, peigne les cheveux et ouvre au grand jour le visage de ceux revenus d’entre les limbes. Les arbres disent le monde, leurs doigts tissent l’air, pétrissent les corps d’argile, l’émerveillement, l’étonnement et la gratitude. 

Couleurs d’or, les nymphes au jardin dansent sous les feuilles, enflamment les regards. Leurs ombres passent vite et s’enfuient sans qu’on puisse les saisir, libres elles illuminent les âmes sorties de la nuit. Fragilité du jour, comme du verre. La soif, la faim, le désir. 

La joie est là, dans la terre, dans la graine éclose, sur les genoux du jour au cœur du sablier. L’amour nait d’entre les pierres, la raison griffe les fleurs au cœur, suave agonie, la vie, le rêve éclot dans la brèche d’un pétale. 

Les oiseaux sont de passage et enlacent la beauté. Ils sont piétons du jour, chorégraphes éphémères de l’éternité. La vie, la mort, amantes du premier jour, l’enfant le sait sans même avoir vu leurs bouches avides, leurs cœurs gonflés, leurs corps de terre et d’eau. 

Les oiseaux, les nuages, les cailloux, les branches et les fleurs, rien ne vient perturber ce silence, cette solitude bonne et généreuse, cette lumière bienfaisante qui éclaire en grand le jardin offert. Morsure du jour dans la chair fertile, goût de terre dans la bouche. Naissance. 

Au commencement, le jour, l’humide, le tendre et le bruissement des feuilles. Larmes de rosée. Pluie de lumière entre les branches. La joie. La vie aujourd’hui. L’avenir. La confiance et le doute. Fragments étincelants de vie ici et là.









* -voix lointaines-

** "El lagarto y la lagarta con delantalitos blancos."
-Le lézard et la lézarde en petits tabliers blancs-
Federico García Lorca