mercredi 2 octobre 2019

à vous







                    Nombreux sont ceux qui vivent en nous ; 
                            Si je pense, si je ressens, j’ignore 
                            Qui est celui qui pense, qui ressent. 
                            Je suis seulement le lieu 
                            Où l’on pense, où l’on ressent. 

                            J’ai davantage d’âmes qu’une seule. 
                            Il est plus de moi que moi-même. 
                            J’existe cependant 
                            À tous indifférent. 
                            Je les fais taire : je parle. 

                           Les influx entrecroisés 
                           De ce que je ressens ou pas 
                           Polémiquent en qui je suis. 
                           Je les ignore. Ils ne dictent rien 
                           À celui que je me connais : j’écris.


                                     Fernando Pessoa / POÈMES PAÏENS / (Odes de Ricardo Reis) / Les joueurs d'échecs / POINTS... p. 263




3 commentaires:

Maïté/Aliénor a dit…

Bonjour Maria-D
merci pour ce poème.
Nous nous inscrivons dans une chaîne au fil du temps.Nous sommes le creuset de forces et faiblesses multiples.
Je pense souvent à eux.
Je pense à toi.
Et je t'embrasse.

J... a dit…

J'aime, oui j'aime
comme j'aime ta protection
ta sensation ton évidence
ton allégeance

♥♥♥

mémoire du silence a dit…

@ Maïté ...

" Fleurs que je cueille, fleurs que je laisse,
identique est votre destin.

Chemin que je fraie, tu t'achèves
Où je m'achèverai, je ne sais où.

Nous ne sommes rien qui vaille -
Et ce rien est moins que rien. "

F. Pessoa / p. 209



@ J...

" Si tôt s'en va tout ce qui s'en va !
Si jeune meurt devant les dieux tout ce qui
Meurt ! Tout est si peu !
Rien n'est savoir ! Tout est fiction !
Vis entouré de roses, aime, bois
Et tais-toi. Le reste n'est rien. "

F.Pessoa / p.210