jeudi 31 octobre 2019

une perte de mémoire et un reste d’histoire







Le souffle est d’émail, il griffe la dent. Paroles de salive et de cendre. Ambre. Mystère des grandes nuits intérieures et ludiques. Poudre d’aurore à la langue sertie. 

Perte du jour, de la nuit en écrin. Graines nocturnes, chapelet de la nymphe, musique et nénuphar dans la peur de l’avant. Hier, est une eau noire, un émoi, une fièvre, une perte de mémoire et un reste d’histoire. 

Le mot est de chair, le sourire une flèche qui traverse le ciel, un rire de lumière. Murmure du verbe, et des baisers posés, caresse de l’ange, musique et chant du vent, tranquillité de l’âme avant le grondement. Il est là, pieds nus sur la pierre, sa chair est le mot. 

Le mot est une musique, le souffle d’un poème, une note, une phrase, un baiser en sourdine, une corde tendue et la flèche d’un sourire. Dans le ciel une valse, les narines frétillent et se gonflent d’air libre. Dans le bleu et l'azur "le verbe se fait chair"

Sur la ligne une phrase, un mot, la danse du verbe. Une à une les choses se posent, s’inscrivent et se lisent, le souffle et le parfum, le sentier souverain. La cambrure de la page, tout arrive, tout se pose et se dit, la ligne au souffle clair et l’œil clairvoyant. 

L’élan est de hauteur, de désir certain. La corde a frôlé la parole et la chair, le souffle est une caresse, le début d’une histoire, une perle secrète au creux de mille étoiles. La lutte se dépasse, en son cœur un tourment, une idole, un seigneur qui siffle entre les dents. Les mots sont de poussière, un recommencement. 

Le fruit est de passion et de silence rond, la gorge est une fleur où glissent les senteurs. Le souffle, le silence, la voix à la glissière des lèvres, le caillou, le sucre, la chair et le frisson. Le seigneur est debout, le calme est revenu, dans la gorge une pierre roucoule en marchant. 

Plus loin... l’étendue, l’herbe brune et dorée, le soir, l’ombre et le mur d’étoiles, les peurs anciennes et les silences obscurs, les orages à venir. Une histoire d’hier dispersée et sauvage, les rires griffent les gorges et referment les cœurs. 

Le cercle est entier, funambule sur le fil, point rouge de l’avenir. 








2 commentaires:

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS a dit…

Puis-je entrer,chère Maria ? Nourri de ce superbe texte, fleur de poésie, battement de coeur, transfusion d'amitié.
Simplement pour te dire que j'ai beaucoup aimé le lire.


La mort n'a pas voulu de moi. Je lui ai simplement parlé. Il ne me reste pas assez de forces après cette opération à cœur ouvert, pour reprendre le chemin du land art et en parler sur mon blog. Alors je me tais sans oublier quelques amis.
Je t'embrasse.
Roger

mémoire du silence a dit…

Comme je suis heureuse Roger de te lire, malgré ta grande fatigue si palpable, je me réjouis de ta visite et je te remercie.
Tu reviens de si loin, d'un si long et loin voyage de ces lieux où l'on tutoie la mort, nous avons été plusieurs à être inquiets... je te remercie pour cette visite à la fois espérée et inattendue.

je t'embrasse



et je t'offre ceci car il y a quelque chose dans tes mots qui me parle de cela :


"Il n'avait peur de personne
Il n'avait peur de rien
Mais un matin un beau matin
Il croit voir quelque chose
Mais il dit Ce n'est rien
Et il avait raison
Avec sa raison sans nul doute
Ce n' était rien
Mais le matin ce même matin
Il croit entendre quelqu'un
Et il ouvrit la porte
Et il la referma en disant Personne
Et il avait raison
Avec sa raison sans nul doute
Il n'y avait personne
Mais soudain il eut peur
Et il comprit qu'Il était seul
Mais qu'Il n'était pas tout seul
Et c'est alors qu'il vit
Rien en personne devant lui."


Jacques Prévert