dimanche 19 janvier 2020

masque







Ses dents de nacre claquent dans la nuit de sa bouche. Maman a cent ans. Le miroir des alcôves reflète le sang des sacrifices, qu'il lèche de sa langue rugueuse, écorce de fauve. Il attend la pluie. Il attend que le ciel déverse ses eaux sur la plaine pour ôter son masque. 

Sur le bord du temps, il creuse de ses mains nues. Il creuse et trouve une goutte d'or tout au fond de sa gorge. 

Combien faudra-t-il d'orages ? Combien faudra-t-il de temps pour laver le visage de la terre ? 

Dans le serment, le simple et le fragile, l’oiseau et l’image dans le miroir du temps. Un souffle, une morsure. Sur la chair du monde une tache incarnate, une trace vermeille qui remonte le temps. 

Une langue de rouille sur un brin de salive se défroisse et salive, se retourne et s’étire, et se déploie dans l’air comme les ailes du désir

Il nous faut trouver la brèche. Ce passage incertain dans la courbe du temps, et les flancs de la terre où s’accrochent les mains d'une jeunesse éternelle. Il nous faut glisser dans la rainure de ces instants de grâce, où le silence embrasse la beauté à sa source. 










2 commentaires:

Kaïkan a dit…

Je ne sais pourquoi, mais ton texte m'a fait penser à " L'homme qui rit " de Victor Hugo ...
Pensées douces vers toi, Ma Maria <3

mémoire du silence a dit…

chère Kaikan
Quelle belle référence tu m'attribues, je suis comblée.
merci merci
"On est en pleine tourmente, on se débat dans les invisibles convulsions de l'âme, on ne sait plus si l'on est mort ou vivant, et l'on a pour ceux qu'on aime toutes sortes de délicatesses ; c'est à cela que se reconnaissent les vrais coeurs. Dans l'engloutissement de tout, la tendresse surnage."

je t'embrasse ma belle amie.