avec Jean-Jacques Dorio
aquarelle : JJDorio / à vous de voir |
À VOUS DE VOIR
Ce que je vois me rend muet
Si j’en parle ce que je vois disparaît
À vous de voir
Si le moment venu vous étalez votre langage
Ou si vous osez jeter vos aquarelles sur la page
À vous de voir
Ce que personne que vous ne voit
Une couleur un rythme un art de vivre
À vous de voir
21 08 18
***
À VOUS DE VOIR ce que vous voyez
une feuille se détache du mirabellier
les merlettes volent si près du mûrier
hier à l’école on chantait l’été
le vent soufflait fort dans nos tabliers
au cadran solaire des graduations tracées
indiquent dans l'ombre des heures ensoleillées
sur son balancier un être endiablé
regarde perché les heures en allées
un œil est ouvert ses larmes sont mouillées
à vous de voir ce qui s’est passé
Maria-D
21 aout 2018
***
À VOUS DE VOIR
J’ai vu !
Qu’as-tu vu ?
J’ai vu sur une palissade des affiches arrachées, une oreille déchirée et un pis de vache gorgé de lait. Des oiseaux volaient au-dessus du boulevard, ils étaient très grands avec des ailes noires. J’ai vu un trou dans l’eau, "même si vous ne le voyez pas d’un bon œil" *, je l’ai vu, j’étais dedans, c’était mon œil. Tout cela m’a sidérée. Alors, je me suis retournée et je suis rentrée à pied. Un coq s’est mis à chanter.
Je me suis réveillée.
J’ai vu à travers les rideaux le soleil qui riait.
* Jacques Prévert
(le bal du printemps)
J...
13 mai 2020
***
A VOUS DE VOIR entre les lignes
en un coup de balai
les mots se sont déliés
et volent de leurs propres ailes
le butin du matin
comme une méditation
en rouge et noir
au sein d'un monde
qui se délite
et l'ancre noire de l'écriture
s'amarre dans le ravin du jour
13 mai 2020
***
A VOUS DE VOIR là-haut dans le ciel
Dieu fait la parade et tournez manège
A toute vitesse dans les hauteurs célestes
Les anges caracolent décrochent les cœurs
A vous de voir s’y vous y croyez
A vous de voir sur quel pied danser
Anonyme
13 mai 2020
***
On n’y voit rien, écrit l’historien d’art Daniel Arasse, planté devant Les Ménines. Il arase toutes les « lectures » de l’œuvre, communément admises pour se lancer dans des conflits d’interprétation sans fin. Et en effet, si la toile continue des siècles après a être regardée, c’est que le temps ne l’épuise pas, mais l’enrichit.
On n’y voit bien qu’avec son regard multiplié par les autres, c’est la fonction d’une expo non ? Eh bien ici, le paradoxe c’est que jamais expo n’eut lieu. Tous ces tableautins demeurent au secret. Ce n’est pas par volonté, mais par le hasard qui les a fait « pousser », un hasard proche de la nécessité. Les mots de mes poèmes, qui sont mon quotidien depuis des lustres, ne suffisaient pas à combler la perte de mon être le plus cher au monde. Alors, j’ai peint. Sur tous les supports, sur toutes les surfaces, les couleurs projetées me délivraient, sans que j’y pense, de ma souffrance, c’étaient mes exorcismes. Il y a toujours en nous des choses qui ne passent pas, et qui nous blessent. Une des choses à faire, pour y remédier, l’exorcisme…Leur raison d’être : tenir en échec les puissances environnantes du monde hostile. Henri Michaux (Épreuves exorcismes) 1940-1944 (« Dans le tunnel » créé par la guerre.)
Merci à Maria Dolores qui permet, même par lointaine reproduction, à ces aquarelles d’exister, et de proliférer dans le regard singulier et les mots pour le dire, de ceux et celles qui « peignent » leur passage sur cet espace offert aux rêveurs et rêveuses de mots. Ainsi, ce « butin du matin, comme une méditation en rouge et noir, au sein d'un monde qui se délite, et l'ancre noire de l'écriture (qui) s'amarre dans le ravin du jour. »
Je ne saurais mieux dire.
13 mai 2020
vous qui passez par ici
observez l'aquarelle et si le cœur vous le dit
à vos plumes pour un poème qui s’intitulerait
"À VOUS DE VOIR"
à vos plumes pour un poème qui s’intitulerait
7 commentaires:
À VOUS DE VOIR
J’ai vu !
Qu’as-tu vu ?
J’ai vu sur une palissade des affiches arrachées, une oreille déchirée et un pis de vache gorgé de lait. Des oiseaux volaient au-dessus du boulevard, ils étaient très grands avec des ailes noires. J’ai vu un trou dans l’eau, "même si vous ne le voyez pas d’un bon œil", je l’ai vu, j’étais dedans, c’était mon œil. Tout cela m’a sidérée. Alors, je me suis retournée et je suis rentrée à pied. Un coq s’est mis à chanter.
Je me suis réveillée.
J’ai vu à travers les rideaux le soleil qui riait.
♥♥♥
"même si vous ne le voyez pas d’un bon œil"
J'ai oublié de préciser que c'est de Prévert dans le Grand bal du printemps
A VOUS DE VOIR
entre les lignes
en un coup de balai
les mots se sont déliés
et volent de leurs propres ailes
le butin du matin
comme une méditation
en rouge et noir
au sein d'un monde
qui se délite
et l'ancre noire de l'écriture
s'amarre dans le ravin du jour
Merci à vous deux pour votre belle participation matinale ... j'aime beaucoup, oui.
A VOUS DE VOIR là-haut dans le ciel
Dieu fait la parade et tournez manège
A toute vitesse dans les hauteurs célestes
Les anges caracolent décrochent les cœurs
A vous de voir s’y vous y croyez
A vous de voir sur quel pied danser
Merci cher Anonyme pour cette belle fantaisie. J'aime.
On n’y voit rien, écrit l’historien d’art Daniel Arasse, planté devant Les Ménines. Il arase toutes les « lectures » de l’œuvre, communément admises pour se lancer dans des conflits d’interprétation sans fin. Et en effet, si la toile continue des siècles après a être regardée, c’est que le temps ne l’épuise pas, mais l’enrichit.
On n’y voit bien qu’avec son regard multiplié par les autres, c’est la fonction d’une expo non ? Eh bien ici, le paradoxe c’est que jamais expo n’eut lieu. Tous ces tableautins demeurent au secret. Ce n’est pas par volonté, mais par le hasard qui les a fait « pousser », un hasard proche de la nécessité. Les mots de mes poèmes, qui sont mon quotidien depuis des lustres, ne suffisaient pas à combler la perte de mon être le plus cher au monde. Alors, j’ai peint. Sur tous les supports, sur toutes les surfaces, les couleurs projetées me délivraient, sans que j’y pense, de ma souffrance, c’étaient mes exorcismes. Il y a toujours en nous des choses qui ne passent pas, et qui nous blessent. Une des choses à faire, pour y remédier, l’exorcisme…Leur raison d’être : tenir en échec les puissances environnantes du monde hostile. Henri Michaux (Épreuves exorcismes) 1940-1944 (« Dans le tunnel » créé par la guerre.)
Merci à Maria Dolores qui permet, même par lointaine reproduction, à ces aquarelles d’exister, et de proliférer dans le regard singulier et les mots pour le dire, de ceux et celles qui « peignent » leur passage sur cet espace offert aux rêveurs et rêveuses de mots. Ainsi, ce « butin du matin, comme une méditation en rouge et noir, au sein d'un monde qui se délite, et l'ancre noire de l'écriture (qui) s'amarre dans le ravin du jour. »
Je ne saurais mieux dire
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