vendredi 20 septembre 2024

11 incipits

 
 
Je suis quelqu’un 
qui est né dans une ville pleine de portiques en 1922.(1) J’appartiens à l’une des plus vieilles familles d’Orsenna.(2) On dit de l’enfance que c’est le temps le plus heureux d’une existence.(3) Tous les commencements sont difficiles(4). C’est avec une sorte de crainte que je touche à l’énigme de mes impressions du commencement de la vie , - incertain si bien réellement je les éprouvais moi-même ou si plutôt elles n’étaient pas des ressouvenirs mystérieusement transmis…(5)
 
Lorsque j’avais six ans j’ai vu, une fois, une magnifique image, dans un livre sur la Forêt Vierge qui s’appelait « Histoire Vécues. »(6)  C’était un chien gris avec une verrue comme un grain de beauté sur le côté droit du museau et du poil roussi autour de la truffe, ce qui le faisait ressembler au fumeur invétéré sur l’enseigne du Chien-qui-fume, au bar-tabac à Nice, non loin du lycée de mon enfance.(7) J’ai été élevé seul et, aussi loin que je me le rappelle, j’étais anxieux des choses sexuelles.(8) Souvent on m’a demandé d’écrire mes Mémoires ; mais toujours j’éprouvais à parler de moi une répugnance pareille à celle qu’on éprouvait à se déshabiller en public.(9) J’ai toujours tenu pour suspect ou illusoires des récits de ce genre : récits d’aventures, feuilles de route, racontars, - joufflus de mots sincères – d’actes qu’on affirmait avoir commis dans des lieux précis, au long de jours catalogués.(10) 
 
À mon sens, lorsque mes parents m’engendrèrent, l’un l’autre aurait dû prendre garde de ce qu’il faisait : et pourquoi pas tous deux puisque c’était leur commun devoir ?(11)
 
 
 
 
 
( à vous de dire d'où sont extraits ces incipits.)

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