pour Roger Dautais
La dérive des sacrifiés : pour Mémoire du silence / Roger Dautais |
Leurs voix de pierre de sable et d’eau
les entendez-vous ?
sur le radeau de pierre
dérive
entre les récifs
j’entends leur clameur le silence de pierre
ils sont treize
debout
un homme cinq femmes
sept enfants
à la dérive
à la dérive
c’est leur malheur que l’océan réclame
élus de Dieu ils sont en sacrifice
ont-ils faim ? ont-ils soif ? ont-ils peur ?
ont-ils du bonheur dans le cœur ?
eau trouble brassée salée eau du ciel en appel
sur ma joue leur âme en étincelle
voix souterraines venues du fond des mers
les cœurs cognent les cœurs aiment
ils sont là face au large
cloués à leur vie verticale
visages absents yeux de pierre
le désespoir en équilibre
cœurs en naufrage
sortis d’un livre noir
quelle souffrance est la leur ?
quel supplice s’exhale ?
ils dérivent en silence érigés vers le ciel
offerts au bienfaiteur
offerts à la lumière
de cette eau sombre naîtra une eau limpide
mémoire du silence
regard ouvert sur leur présence au monde
***
" Les yeux regardent...
Au fond du cœur , l'esprit invente.
Voyants, passagers de leur Île,
Ils n'ont de fièvre qu'Océan.
Depuis long temps, à marcher sur les eaux, ce sont fiers funambules,
patinés des marées et des senteurs iodées.
Des enfants, des aînés,
les épaules fugaces,
se figent comme pierres,
pesantes libertés.
Peur de perdre la tête ?
Mémoire chancelante ?
Non.
Le corps est équilibre,
assise de rocher,
force grave emmurée.
Ils sont riches de sons, de musiques enroulées, de mots entrechoqués.
Leur histoire est lointaine et se souvient de goûts, de saveurs épicées, de breuvages marins aux lumières filtrées.
Ils prennent bain de boue, livrent leurs pleurs de sable et couleurs basanées.
Colonie des embruns, tribu des solitaires, ainsi tous vers le large savent d'où vient le vent, la brise hospitalière.
Leur âme ailleurs voyage, laisse ici cette trace,
œuvre éprise d'artiste,
passeur des grands mystères.
Les yeux regardent.
Au fond du cœur, l'esprit s'invente. "
Bernard. B
merci à Roger Dautais : LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS ici ... pour son cadeau
et merci à Bernard pour son écho ;-)
6 commentaires:
Magnifique, un bel hommage à tous ces sacrifiés, de toutes les ères. Vous avez le don chère Maria de toujours résonner, de saisir ce que l'autre vous dit, vous êtes une magnifique "écoutante".
magnifique duo de mots et de composition.
Vous vibrez tous les deux aux mêmes émotions.Vous donnez à voir et entendre, contre l'oubli et la banalisation.
La mémoire du silence prend encore plus son sens ici.
Tu as les mots justes pour ces sacrifiés de la mer." cœurs en naufrage "
Empilés
sur un esquif
ils y ont cru
se sont noyés
Les yeux regardent...
Au fond du coeur, l'esprit invente.
Voyants, passagers de leur Île,
Ils n'ont de fièvre qu'Océan.
Depuis long temps, à marcher sur les eaux, ce sont fiers funambules,
patinés des marées et des senteurs iodées.
Des enfants, des aînés,
les épaules fugaces,
se figent comme pierres,
pesantes libertés.
Peur de perdre la tête?
Mémoire chancelante?
Non.
Le corps est équilibre,
assise de rocher,
force grave emmurée.
Ils sont riches de sons, de musiques enroulées, de mots entrechoqués.
Leur histoire est lointaine et se souvient de goûts, de saveurs épicées, de breuvages marins aux lumières filtrées.
Ils prennent bain de boue, livrent leurs pleurs de sable et couleurs basanées.
Colonie des embruns, tribu des solitaires, ainsi tous vers le large savent d'où vient le vent, la brise hospitalière. Leur âme ailleurs voyage, laisse ici cette trace,
oeuvre éprise d'artiste,
passeur des grands mystères.
Les yeux regardent.
Au fond du coeur, l'esprit s'invente.
Merci à Roger DAUTAIS et à Maria-Dolores CANO
Quelle belle rencontre encore entre vous trois ♥♥♥
c'est émouvant parce que tragique, mais vous en faites quelque chose de majestueux, quel bel hommage vous rendez à ces hommes, ces femmes, ces enfants de l'exil.
à vous trois ♥♥♥
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