mercredi 20 janvier 2016

île

merci à Roger Dautais  ... ICI


Signes perdus de l'Île Stuhan / Roger Dautais





île

champ de pierres
chant absent

 île

signes perdus


au loin la mer étale


île

ourlet de brisants
terre des amants

seule
une île
entre l'eau et la pierre

 pierre contre pierre
guetteur d'un lointain
vivant 




Le guetteur de silence / Roger Dautais




silence

entre deux pierres
bouche entrouverte
signes retrouvés
du bout des lèvres

île

ruban de sable
ourlant la terre


 île
parfumée
marée-amante


visage de pierre
corps d'algue verte

île
nue


déserte
silencieuse
amoureuse


 île 










7 commentaires:

Bernard a dit…

"Le vent, la pluie, le soleil brûlant. L'île est semblable à un radeau perdu au milieu de l'océan, balayée par les intempéries, incendiée, lavée. L'érosion extrême de la mer a modelé ces roches jaillies des profondeurs, les a usées, polies, vieillies, et pourtant reste sur chacune d'elles la marque du feu qui les a créées."

"Jour après jour, je me sens pris davantage. Dès le commencement, quand j'ai aperçu la vallée de l'anse aux Anglais, du haut de la pointe Vénus, j'ai su que rien ne me serait donné. Paysage de pierre noire, où blesse la lumière et brûle le vent. Paysage d'éternel refus..."
"Pourtant l'île me dit autre chose, elle me signifie autre chose que je ne peux encore saisir tout à fait. Elle m'annonce quelque chose, comme un fait encore caché de ma vie, comme un signe pour l'avenir, je ne sais. Quelque chose brûle ici, sous la pierre, au fond de moi. Quelque chose parle, ici dans le vent qui glisse sur les parois de basalte, pour me dire ce qui est en moi. Quelque chose brille partout dans la lumière, brille et se dérobe, comme un mouvement de danse, un geste, une allure."

Jean-Marie Le Clézio - "Voyage à Rodrigues"

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS a dit…

Je pars, à chaque fois, vers cette île de Stuhan, pour me perdre. Et chaque fois, dépouillé de mes certitudes, je me retrouve, me reconstruis dans le silence du vent. Je sais que mes cairns, ne seront probablement jamais vus, là-bas. Je sais aussi qu'ils attendent. Si grâce à eux, des poèmes m'arrivent qui savent m'atteindre, je leur reconnaît une âme digne d'être retrouvée dans le futur.
Merci à vous.

Roger

Gérard a dit…

L'ile aux pierres à découvrir .

Anonyme a dit…

Est-ce la voix de Cendrars ?

mémoire du silence a dit…

@ Bernard ...

merci pour ces extraits magnifiques, je le lus il y a maintenant bien longtemps, tu me donnes envie de m'y replonger, de repartir vers Rodrigues... merci

"J'ai bien sûr soulevé quelques pierres, sondé la base de la falaise ouest, à l'aplomb des cavernes que j'ai repérées à mon arrivée dans l'Anse aux Anglais. Dans la tourelle ruinée de la Vigie du Commandeur (peut-être une ancienne balise construite par le Corsaire), dans les étranges balcons de pierres sèches, vestiges des anciens boucaniers, j'ai cherché plutôt des symboles, les signes qui établiraient le commencement d'un langage." (du même JMG)



@ LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS ...

L'essentiel est là, dans l'offrande, dans cette poésie du donner et recevoir... j'aime ces expressions : "se perdre" "se dépouillé" "se retrouver" "se reconstruire"...
merci pour votre générosité, vos attentions, vos regards posés sur la beauté du monde



@ Gérard....

et le travail de Roger aussi ... va le voir...



@ Anonyme ...

Oui, la voix de Cendrars, j'adore cet enregistrement... On imagine Cendrars le baroudeur, avec une voix grave et rocailleuse, et on le découvre avec une voix nasillarde et haut perchée... Cendras n'en finit jamais de nous surprendre... Je trouve que ce poème il le dit magnifiquement bien
Merci

Anonyme a dit…

j'aime " seule une île entre l'eau et la pierre "
un havre de paix ton blog.
photodilettante

Maïté/Aliénor a dit…

Le chemin des Îles
Roger Dautais et vous Maria-D
Blaise Cendrars et Le Clézio:
Que du bonheur!