dimanche 6 mai 2018

le seul


 
Le seul est là… dans l’ombre des syllabes. Il attend et entend le souffle du vent, ce vent venu des mots du poète "aux semelles de vent", de ses mots air, de ses mots chair, de ses mots libres qui mordent le ciel et griffent les clôtures… et caressent le visage des lecteurs de passage. Le seul s’abandonne à la lecture et se cherche dans les mots et se noue dans les phrases pour atteindre le ciel empli d’air et de vent, pour atteindre ce ciel empli d’amour et partage. Le seul repart heureux pour un nouveau voyage en écriture et griffures sur les pages du vent. 

Alors, il trie, regarde et garde, jette et revient… et retient le temps. Il ouvre les cailloux et les grains de poussière, les visite, les invite, les revisite. Il en fait des boucles ouvertes et défait, redéfait et défait les fils de clôture sur l’herbe chaude et les fleurs écloses. 

Le vent se brise dans l’œil de la lune en cette nuit emplie de sève et de l’or du temps. Les arbres geignent et gémissent dans l’air chaud au goût de miel. Les âmes s’accrochent aux branches et l’on entend leurs voix sur les fils du vent qui siffle et souffle et gratte et claque des dents. 

Le vide, ce vide inexprimable à l’âme et tout autour… à tomber l’existence, à tomber le fragile et le miracle. Des chants montent des poitrines chaudes, des chants libres, des chants utiles, des chants purs pour ensemencer la terre… le monde et le temps. 

Alors… le seul jette au ciel ses notes d’espérance, ses paroles de souffrance. Une voix s’élève qui dit dans le silence son âme fragile, ses mains agiles et son cœur docile, une hymne qui chante la sentence d’un coupable en errance. 

Le vent râpe et gratte et arrache la peau de la terre, la chevelure de l’air, les paupières du ciel et les cils de la mer. Seul, il avance et dicte… et recommence sa danse dans la confusion et dans la joie. 

La peau de la terre est emportée par le vent. Alors la terre refait peau neuve dans ce monde dépouillé où sa chair reprend forme, chair de pierre et de marbre. Il est là, seul… et il va en ces contrées où le sol n'est plus ferme. Il livre bataille aux démons des ténèbres et entre dans l’éternité. Seul et dépouillé il va dans l’air et le vent… il va. 

La vie est là dans le vent et le souffle, dans ce souffle qu’est l’âme. Il avance et espère. Il avance dans le silence qui le porte devant. Il avance sans cesse, ami éphémère… seul et sans bagage… poète de l’instant. 









5 commentaires: