mardi 21 août 2018

constellation 11



LE CHANT DU ROSSIGNOL  À MINUIT
ET LA PLUIE MATINALE  /  Joan Miró





Ces minutes d’éternité
en équilibre sur la portée
do … ré … mi … fa … sol …

là…
six…
croches et anti-croches
qui s’accrochent sur un fil barbelé

les unes serties de larmes      les autres clé en main
ouvrant les portes de la Poésie   pour que survive l’Homme
dans la puanteur des latrines

si…
c’est un homme
là…

sur l’échelle de Jacob      qui enjambe la lune
en ce vendredi 13
il va friser le firmament…



***



LE ROSSIGNOL A MINUIT 

LE CHANT DU ROSSIGNOL À MINUIT ET LA PLUIE MATINALE  
La pluie matinale noyant le chant du rossignol 
 Le chant du rossignol sur le jardin des troubadours inventant la poésie 
La poésie qu’il ne faut pas confondre avec la réflexion sur la poésie 
La poésie qui ne confond pas les grillons aveugles de la nuit avec les grilles du linguiste 
Le linguiste cuistre qui veut tenir la langue par tous ses bouts 
Ces bouts de réalité qui ouvrent leur bec de shadok sur la misère du monde 
Le monde qui nous entoure nous encercle et voudrait nous enterrer 
Nous enterrer prématurément dans une invocation du culte des morts 
Les morts qui brûlent interminablement dans les livres les temples et les camps 
Les camps où les résistants gardaient leur part d’humanité en récitant les poètes 
Les poètes Ô Mort vieux capitaine 
Qui sont les plus aptes à décliner déplorer louer chanter métamorphoser le temps et ses misères et ses minutes d'éternité 
Le temps du chant du rossignol 
à minuit sur la pluie matinale 

 Jean-Jacques Dorio  ICI



***



LE CHANT DU ROSSIGNOL A MINUIT ET LA PLUIE MATINALE

La clé de sol enjambe la lune. Le criocère sertit la pointe de l’épée du sacre. Un voilier porté par les alizés s’ouvre une passe dans les bois. Et les douze gouttes du philtre s’extravasent en un flot de sève qui emparadise les cœurs et feint de dégager cette merveille (on ne peut que l’entrevoir) qui, du côté bonheur, ferait contrepoids au sanglot. Les chères vieilles croches tout embrassées reposent le couvercle de la marmite.

  André Breton / Signe ascendant (Poésie/Gallimard ...p.149)




4 commentaires:

Anonyme a dit…

"Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Considérez si c'est un homme
Que celui qui peine dans la boue
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain
Qui meurt pour un oui ou pour un non
Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu'à la force de se souvenir,
es yeux vides et le sang froid
Comme une grenouille en hiver.
N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas.
Gravez ces mots dans votre cœur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant,
Répétez les à vos enfants.
Ou que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous."

Primo Lévi (Si c'est un homme 1946)



Anonyme a dit…

J'aime beaucoup cette série de Poèmes à trois voix, sans compter l'initiale qui est celle de Miro.Donc il serait plus juste de dire : poèmes à quatre voix.
Merci beaucoup c'est très beau.

Louis-Paul a dit…

Je découvre votre blogue et même si je n'ose encore y déposer des commentaires, je sais que je reviendrais. Merci beaucoup des vôtres sur le mien.

Ariaga a dit…

Trois, quatre, une multitude, la poésie, comme la beauté est sans limites.