mercredi 22 août 2018

constellation 12



LE 13 L’ÉCHELLE A FRÔLÉ
LE FIRMAMENT  /  Joan Miró



…à ma maman… 

cette bouche sans dents … qui ne cesse de pleurer quand la faim la tenaille… 

…à ma maman… 

qui dort dans le firmament … les cheveux dans le vent … lianes étoilées dans la jungle de l’obscurité… 

…à ma maman… 

poétesse inégalée … aux cils constellés de lumière perlée comme points de rosée sur la toile d’araignée… 

…à ma maman… 

icône idolâtrée … visage enluminé d’éternelle beauté… 



***


LE 24 MARS JE SUIS DESCENDU DE L'ÉCHELLE DU FIRMAMENT
 A ma maman

LE 13 L’ÉCHELLE A FRÔLÉ LE FIRMAMENT
Le firmament attrapé par les cils les points noirs et les araignées orangées 
Les araignées orangées bleues comme cette échelle 
Cette échelle du 13 Cette bouche sans dents 
Cette bouche sans dents où sombrent les vaisseaux 
Les vaisseaux envasés avec leurs becs d’amphores 
Amphores broches d’or métaphores 
Métaphores derniers poèmes égarés 
Poèmes égarés à Venise l’indécise 
L’indécise échelle où le précis se joint 
Le 13 l’échelle a frôlé le firmament

Jean-Jacques Dorio  ICI



***


LE 13 L’ECHELLE A FRÔLE LE FIRMAMENT

Celle qu’aima l’Amour, on sait que, pour avoir voulu le voir en l’éclairant d’une lampe alors qu’il dormait, elle le mit en fuite en lui laissant tomber sur la main une goutte d’huile enflammée. Il lui est dit qu’elle ne le retrouvera que tout en haut de la Tour de la Reine Blanche à Paris mais se rompt et se hérisse de toujours plus d’obstacles en s’élevant labyrinthe vertical en coupe de murex tombé en ruines. On la voit sans souffle atteindre le sommet, sa gaze plus lacérée et plus lucide qu’une nuit d’été. Hélas, le dieu n’y est pas et les tentations d’en bas, innombrables joueuses de tympanon à tête de courtilière, y vont de leur ronde pour lui pomper le cœur : chérie, c’en sera fait, tu ne sentiras plus rien. C’est alors, mais seulement alors, que dans l’inouï s’assure et à toute volée retentit la voix de la Tour : « Les yeux fermés redescends par où tu es venue. Tu ne t’arrêteras pas au niveau du sol. C’est quand à nouveau tu seras parvenue ici en reflet que te sera révélé l’équilibre des forces et que tu poseras le doigt sur le coffret de parfums. » 

  André Breton / Signe ascendant (Poésie/Gallimard ...p.151)




1 commentaire:

Ariaga a dit…

J'aurais tant aimé avoir une maman qui mérite des mots si beaux et si touchants ...