mercredi 8 août 2018

les égarés


" ... ils sont la peur ... du torero ... "
 

Ils sont perdus et pleurent dans les replis de la terre, la chemise au vent et du sang dans le cœur. Ils entament une longue marche où ils affrontent des monstres géants et souterrains, et une foule querelleuse. Ils ont peur et s’éloignent du monde qui avance et qui ronge leurs rêves d’océan. Ils fuient sur les landes et les chemins de mer pour sauver et garder l’enfant qui vit en eux. Ils se collent aux étoiles et boivent d’un trait la lumière du ciel. 

Ils s’élèvent au monde et raclent de leurs mains la poussière de l’ombre qui tombe comme la pluie sur leur visage d’eau. Ils prient des dieux absents, égarés dans les nuits, dans ces grandes nuits d’absence où les doigts se défont, s’accrochent et se nouent au cou des délivrances. Les enfants sont couchés et leurs mères les veillent d’un œil obstiné, mauve et bleu, et pétale d’eau rose… si clair, si transparent… d’un regard chaud et lointain qui remonte la grève, tendre comme le pain. 

L’heure est à la joie, à l’espoir sur le monde. Le cœur ouvert, offert aux anges du chemin qui recoiffent les arbres et embrassent les oiseaux aux fronts des solitudes. Le ciel est une fleur, une corde de violon, un rire sur la mer, un baiser sur le front. L’amour est en partage en ce matin du monde où les cœurs se reposent sur l’autel des sacrifices. Des cœurs en sang, broyés et foudroyés qui pansent leurs blessures dans un linge de lin. 

De leurs lèvres vermeilles ils essuient leurs blessures et lèchent les peaux griffées pour soulager la brûlure. Ils se touchent et se frôlent et s’enlacent d’un geste qui caresse leurs épaules. Ils sont revenus par les chemins de l’ombre, les yeux perdus aux flèches des cathédrales. Ils sont revenus et se sont reconnus sous le voile qu’ils tirent et glissent sur les genoux de ceux qui sont plus pauvres. 




Ils sont frères et se souviennent les matins de lavande et leurs courses d’enfants sur l’arrête du temps… Ils s’accrochent à la corde qui leur tombe du ciel, et ne forment plus qu'une grappe qui respire et abonde de bonheur reconquis. Ils chantent une chanson oubliée, retrouvée, adulée, et se grisent du vin qui coule de la coupe que leur offre le ciel en cet instant béni couleur de lendemains sur l’horizon sans fin. 








2 commentaires:

Anonyme a dit…

Beau texte et superbes peintures.
Les égarés sortiront-ils du labyrinthe ?

Ariaga a dit…

Un texte magnifique à lire et à relire .Merci.