lundi 10 février 2020

une renaissance ... peut-être ... une renaissance




Revenir sur le devant de la page blanche et suivre le vol du papillon, de fleur en fleur, de cœur en cœur, de rêve en rêve. Sécher les larmes qui diluent l’encre des yeux défaits et noient le cœur dans son absinthe. Cette fée verte qui le rend fou et hors d’étreinte. 

Tirer le fil pris dans la fibre et le nouer au pied du lit de l’ange gris, qui rend morose pour peu de chose. Et s’enchanter, s’émerveiller, sauter pieds joints de tout son poids dans la grande flaque qui rit aux éclats, et éclabousse les heures lasses de sa grande joie. Cet aiguillon de la jeunesse qui crève l’abcès de la tristesse, et repeint d’un unique trait le visage de la gaieté. 

Tourner la clé et puis l'ôter, et la cacher dans un lieu sûr, où nul œil triste ne puisse entrer. Cueillir la fleur de la bonté et la garder entre les pages du livre rose, du temps abstrait, et ne rien dire. Dans le silence pousser la porte, et faire entrer en un éclat le soleil mauve qui chante et rit dans les alcôves. Un cri de joie. La fleur éclose. 

Sur la plage suivre la trace de la vague lente, qui se consume en un baiser humide et doux avec le sable. Toucher du doigt cette marque rouge, ce cri d’amour chargé d’écume. Chasser l’angoisse, la peur immonde qui monte du monde qui pleure de froid et qui appelle la paix de l’âme. Ouvrir la bouche, tirer la langue et d’un seul coup saisir le vent, puis le mâcher longtemps, longtemps, le liquéfier, le boire d’un trait … en une gorgée … un doux breuvage de saveur noire aux airs carmin. 

Puis revenir au dos de la page, et suivre des yeux le papillon qui tourne, vire, remonte le temps et le rivage. Ne point se presser et laisser faire, laisser venir cette subtile tranquillité, une migration, un paysage passé, dépassé, oublié et revenu en un souvenir, un rêve bleu que l’on aima et que l’on garde au fond des draps. Tendre la main et le saisir, s’en approcher et le toucher, le caresser, et puis en jouir sans remords, sans regrets, sans avants et sans apprêts. 

Et, dans une sorte de paganisme animal en savourer enfin la grande symphonie primaire, cette voix initiale, ce chant venu d’un monde original. Se régaler du bonheur d’être arrivé à la limite, le boire et le chanter, le célébrer, et glorifier la vague. Cette frange d’écume qui vient mourir à nos pieds, mettant au monde ses petites bulles d’air et de lumière, ses paillettes de sel et de verre, et les coquilles de l’œuf éclos.
Cette eau de vie, cette eau chaude de lait, ce liquide sucré si clair et fertile … 
… cette Eau de Mère… où l'homme nait





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