mercredi 27 mai 2020

résonance (19) "feux de pistes"




aquarelle : JJDorio / feux de pistes




FEUX DE PISTES


Le jeu a noirci le tableau
Le tableau du monde en feu
Les FEUX DE PISTES et des forêts
Des mille et une variétés

 Rayer ensuite Raturer
N’enlève pas le goût âcre
Du sang noir

La dernière heure a sonné
La fin des couleurs
Le noir des pensées
Sur ce monde tragique
Que l’homme n’est plus capable
De réinventer


4 09 18 



***



FEUX DE PISTES


Jeu de mots et noir tableau
tableau qui me précède et qu’il me faut suivre
suivre sur les feux de la rampe
rampe de l’artiste pour un tour de piste
piste aux mille étoiles

gribouillis et scribouillis
le ciel est à l’orage
ô ! rage et désespoir

pour qui sonne le glas
couleur au goût glacé
fleur noire de la pensée
triste et morne fleur
que l’homme ne cesse
de triturer


Maria-D
30 04 2020



***



FEUX DE PISTES


jeux de piste de l'enfance
tenter de suivre le fil
que la vie nous tend

se perdre dans le noir
si souvent – mais les forêts
redonnent souffle au désir

le monde perd ses couleurs
les hommes perdent leurs âmes
on cherche dans le noir

dans le tracé incertain
des étoiles lointaines
à la matière noire

le fil de la vie se perd
se retrouve – on le déroule
on le relit à l'infini


27 mai 2020



*** 



Si fuese en nuestro poder 
Tornar la cara fermosa 
Corporal, 
Como podemos hacer 
El alma tan gloriosa 
Angelical, 
¡ Qué diligencia tan viva 
Tuviéramos cada hora, 
E tan presta, 
En componer la cativa, 
Dexándonos la señora 
Descompuesta ! 

Jorge Manrique

***



***


                   La chaux qu'on dit éteinte s'est éprise de l'eau. 
                   L'eau , tout le monde ne peut l'ignorer, 
                   est l'amoureuse de l'argile. 
                   A deux, elles ne font plus qu'Un. 
                   C'est on ne peut plus simple ! 

                   Marier le noir et le blanc, c'est toujours possible : 
                   à eux deux, ils composent des gris ; 
                   de l'ombre la plus sombre à la perle la plus limpide. 
                   Et pour mieux se griser, 
                   en aiguisant sa mine, 
                   le peintre se dessine, 
                   devient son calligraphe. 

                   Nimbés d'ailes de neige, 
                   Il en est qui s'embellissent et dressent aux façades leurs portraits angéliques, 

                   d'autres qui, enivrés de noirs, peignent les cris de cruelles et vives meurtrissures... 

                   Souvent la forêt brûle, 
                   souvent elle renaît. 
                   J'ai vu de mes yeux vus, 
                   l'empreinte de ces flammes, de ces brasiers ardents, 
                   dans les troncs calcinés, la mousse aux toisons rousses, 
                   et bourgeon de l'argile 
                   Vie verte... s'éveiller. 

                   Mélanger les couleurs 
                   jusqu'à s'en barbouiller, 
                   et se couvrir de signes 
                   jusqu'à s'en embrouiller, 
                   me met au désespoir. 
                   Vais-je étreindre la tourbe ? 
                   Me saouler de fanfares 
                   et de boissons d'ivrognes ? 

                   Je ne puis. 

                   Le soleil est mon sang 
                   rouge 
                   tout écarlate 
                   de corail et de feu 
                   de groseille et de pourpre 
                   de rubis, de grenat 
                   de ce goût de l'orange 
                   dulcinée « sanguina » 
                   « jugo de Granada » 

                   et de ce rouge terre 

                   madone aux yeux baissés 

                   ma douce tahitienne


                       Bernard
                                               27 mai 2020




***



pour Bernard




***

pour Estourelle



tu peux lire le texte en entier avec traduction






vous qui passez par ici
observez l'aquarelle et si le cœur vous le dit
à vos plumes pour un poème qui s’intitulerait
"FEUX DE PISTES"

9 commentaires:

Estourelle a dit…

jeux de piste de l'enfance
tenter de suivre le fil
que la vie nous tend

se perdre dans le noir
si souvent – mais les forêts
redonnent souffle au désir

le monde perd ses couleurs
les hommes perdent leurs âmes
on cherche dans le noir

dans le tracé incertain
des étoiles lointaines
à la matière noire

le fil de la vie se perd
se retrouve – on le déroule
on le relit à l'infini

estourelle a dit…

j'ai oublié de mettre l'intitulé "FEUX DE PISTES" à mon envoi
Merci pour tout chère Maria!

Bernard a dit…

Si fuese en nuestro poder
Tornar la cara fermosa
Corporal,
Como podemos hacer
El alma tan gloriosa
Angelical,
¡Qué diligencia tan viva
Tuviéramos cada hora,
E tan presta,
En componer la cativa,
Dexándonos la señora
Descompuesta !

https://www.youtube.com/watch?v=zSKjh5lzH4M


La chaux qu'on dit éteinte s'est éprise de l'eau.
L'eau , tout le monde ne peut l'ignorer,
est l'amoureuse de l'argile.
A deux, elles ne font plus qu'Un.
C'est on ne peut plus simple !

Marier le noir et le blanc, c'est toujours possible :
à eux deux, ils composent des gris ;
de l'ombre la plus sombre à la perle la plus limpide.
Et pour mieux se griser,
en aiguisant sa mine,
le peintre se dessine,
devient son calligraphe.

Nimbés d'ailes de neige,
Il en est qui s'embellissent et dressent aux façades leurs portraits angéliques,

d'autres qui, enivrés de noirs, peignent les cris de cruelles et vives meurtrissures...

Souvent la forêt brûle,
souvent elle renaît.
J'ai vu de mes yeux vus,
l'empreinte de ces flammes, de ces brasiers ardents,
dans les troncs calcinés, la mousse aux toisons rousses,
et bourgeon de l'argile
Vie verte... s'éveiller.


Mélanger les couleurs
jusqu'à s'en barbouiller,
et se couvrir de signes
jusqu'à s'en embrouiller,
me met au désespoir.
Vais-je étreindre la tourbe ?
Me saouler de fanfares
et de boissons d'ivrognes ?

Je ne puis.

Le soleil est mon sang
rouge
tout écarlate
de corail et de feu
de groseille et de pourpre
de rubis, de grenat
de ce goût de l'orange
dulcinée « sanguina »
« jugo de Granada »

et de ce rouge terre

madone aux yeux baissés

ma douce tahitienne



https://www.youtube.com/watch?v=YBAAttfXoXA


Merci Leonardo, Merci Paul.

Merci Dorio – Merci Maria, qui tous deux m'amenez par la main, jusqu'à eux.

mémoire du silence a dit…

Estourelle, merci pour ce fil déroulé ... ;-)

Bernard,merci pour tes mots toujours si beaux , tes cadeaux et Manrique, que j'aime tout particulièrement... la première fois que je mis les pieds en Espagne déjà adulte (après y être née) je me rendis dans une librairie à Figueras pour acheter deux livres de Manrique en langue espagnole dont son long texte "Coplas a la muerte del maestre de Santiago, don Rodrigo Manrique"...

Estourelle a dit…

Je ne connaissais pas Manrique ni Amancio Prada
Qu'est ce que c'est beau
Merci de l'avoir partager!

mémoire du silence a dit…

Merci à toi d'aimer, ça me plait que tu aimes
si tu maitrises la langue espagnole
je te conseille ce livre ici ... il est très complet avec des notes intéressantes.

merci à toi Estourelle pour tes belles participations.
Vois où les aquarelles de Dorio nous entrainent en suivant Bernard....:-)

mémoire du silence a dit…

celui-ci n'est pas mal aussi (plus petit) est un condensé de ses poèmes les plus connus.

Estourelle a dit…

Merci pour les liens !

Bernard a dit…

Elle est si belle aussi, si espagnole, cette deuxième version des coplas... Elle m'a profondément ému.
je t'en remercie, je ne l'avais encore jamais écoutée!
Bernard