samedi 16 janvier 2021

" où va le blanc quand la neige fond ? "*

 

 
 
 
 
Blanc d’un ciel d’hiver. Songes. Hier en enfance. Grand silence. La neige tombe. Blanc originel d’une image d’Épinal. Danse des étoiles dans leurs robes de fête,  paillettes, cristal. Nuit magique et d'antan. Jour blanc. Lumière, flocons, douceur cristalline, toits de coton, quiétude divine. Traces à peine perceptibles du rouge-gorge, en quête de pitance. Virginité du paysage, grand silence blanc. Le soleil embrase tout ce blanc, alors les yeux de la neige scintillent, son cœur chantonne une comptine avec les anges.
 
Là-bas, dans les sous-bois passe un homme à cheval, seul, en grande solitude hivernale. Il va en silence, il va, ne se retourne pas. 
 
Le blanc est de plumes, d’oies que l’on plume. Boules de neige d'un champ de bataille, Dargelos referme le livre blanc et se réveille comme d'une hypnose. Le blanc est à la fête, le blanc nous fait perdre la tête. Nuit blanche, nuit évanescente. L’hiver ôte ses gants de scène, et de sa main d'argent gifle le décor. Joue brûlante,  yeux noyés, la neige fond en larmes. Éblouissement et cri dans la flaque. Éclaboussure comme une gerçure. Rêve liquéfié. Le paysage en rigoles.
 
Là-bas, dans le sous-bois, va un homme à cheval, seul, en grande solitude, il va en silence, il va sans se retourner, emportant tout le blanc… tout ce blanc évanoui de la neige mourante… 
 
 
 
 
 
***
 
 
 
peinture de Robert Ryman

 
 
                                                          Où il va ? 
                                                          Dans les noirs 
                                                          Et cela fait du gris. 
 
                                                          Dans la terre 
                                                          Et cela fait de la gadoue. 
 
                                                          Et là, tous ces blancs 
                                                          Retournent à la rivière, au fleuve 
                                                          À l'océan.  
 
 
 
 
 
 
***
 
 
 
Robert Ryman / Grey Drawing


 
 
 Questions blanches pour les enfants : 
 
Pourquoi la neige ?  Pourquoi fond-elle ?  Où va le blanc ?  Et qui l’appelle ? 
 
 
À voix basse la neige répond : 
 
   - Silence !  Écoute !  Ce blanc immense est ma raison, lorsque je fonds le blanc se meut, s’émeut, et va promener sa peine en des nuits longues et blanches. 
 
J... 
  
 
 
 
 
***
  
 
 
 
  
 
 
***
 
 
 
Octavio Ocampo / Marlena

 
 
Romance brève d’une dame blanche
au cœur de gel et mains glacées
le blanc n’est autre qu'une illusion
 
Anonyme 
 
 
 
***
 
 
 
Robert Ryman / Classico 3

 
 
LE BLANC VA DANS LES PAGES DE MES LIVRES
 
                                                        Les pages de mes livres 
                                                        Ont une vie difficile 
                                                        Il y tombe des larmes 
                                                        Aussi bien que des rires 
 
                                                        Les pages de mes livres 
                                                        Blanchissent dans la nuit 
                                                        Putains se refont une virginité 
 
                                                        J’aimerais que Villon les lise 
                                                        Clément Marot et Jean Tardieu 
                                                        Ce sont poètes qui m’inspirent 
 
                                                        Les pages de mes livres m’obligent 
                                                        à persévérer
 
 
 
 
 
 
 ***
 
 
 
Marc Chagall / l'ange chassant Adam et Eve du Paradis (détail)
 
 
 
 
Au paradis.

Annick B
 
 
 
 
 ***
 
 
 
 
Robert Ryman - 1962

 
 
 
                                                       Le blanc va dans les silences 
                                                       dans les interstices 
                                                       entre les mots 
                                                       entre les lignes 
                                                       dans les failles 
                                                       les creux les soupirs 
                                                       dans les silences 
                                                       des regards songeurs 
                                                       de l'enfant rêveur 
                                                       du poète hésitant 
                                                       en léger déséquilibre 
                                                       sur la toile du temps
 
 
Estourelle
 
 
 
 
***
 
 
 
*On attribue à Shakespeare cette subtile et géniale question,
à vous d'y répondre  si le cœur vous le dit. 


12 commentaires:

Miche a dit…

Où il va ?
Dans les noirs
Et cela fait du gris.

Dans la terre
Et cela fait de la gadou.

Et là, tous ces blancs
Retournent à la rivière, au fleuve
A l'océan.

J... a dit…

Questions blanches pour les enfants :

Pourquoi la neige ? Pourquoi fond-elle ? Où va le blanc ? Et qui l’appelle ?


A voix basse la neige répond :

- Silence ! Ecoute ! Ce blanc immense est ma raison, lorsque je fonds le blanc se meut, s’émeut, et va promener sa peine en des nuits longues et blanches.



♥♥♥

mémoire du silence a dit…

Merci à vous deux pour vos belles résonnances.
Kiss you

Anonyme a dit…

en écho à votre texte
https://www.youtube.com/watch?v=sXuB447nrjE

Anonyme a dit…

Romance brève d’une dame blanche
au cœur de glace et mains gelées
le blanc n’est autre que son imagination

merci Maria pour cette invitation

Anonyme a dit…

Romance brève d’une dame blanche
au cœur de gel et mains glacées
le blanc n’est autre qu'une illusion

mémoire du silence a dit…

Merci cher Anonyme pour cet écho, la voix de Brel, les images du début du film "Un roi sans divertissement", un film qui me plut à l'époque, avec le beau Claude Giraud décédé il y a quelques mois dans le silence le plus total. Vous me donnez envie de relire "Un Roi Sans Divertissement".

Merci aussi pour cette illusion.

DORIO a dit…

LE BLANC VA DANS LES PAGES DE MES LIVRES

Les pages de mes livres
Ont une vie difficile
Il y tombe des larmes
Aussi bien que des rires

Les pages de mes livres
Blanchissent dans la nuit
Putains se refont une virginité

J’aimerais que Villon les lise
Clément Marot et Jean Tardieu
Ce sont poètes qui m’inspirent

Les pages de mes livres m’obligent
à persévérer

mémoire du silence a dit…

Merci cher Dorio
pour ces pages qui vous ressemblent

Annick B a dit…

Au paradis

mémoire du silence a dit…

"Où les nuits sont si longues qu'on en oublie le temps"

Estourelle a dit…

Le blanc va dans les silences
dans les interstices
entre les mots
entre les lignes
dans les failles
les creux les soupirs
dans les silences
des regards songeurs
de l'enfant rêveur
du poète hésitant
en léger déséquilibre
sur la toile du temps