samedi 16 mai 2020

en résonance (8) "nourrir la feuille d'ombre"




aquarelle : JJDorio / nourrir la feuille d'ombre




NOURRIR LA FEUILLE D’OMBRE

Silence des couleurs : l’invisible devenu évident. 
Alain Rey (Nuit-Noir) 
Sur un tableau de Fabienne Verdier 
(Le Petit Robert) édition des 50 ans (2017) 

 Frères de commencements obscurs 
rythmes rythmes, 
pendant qu’on lit, 
qu’on repose, qu’on croit réfléchir 

 Henri Michaux (Jours de Silence) 



L’autre côté des choses
Le silence du bruit 
Le vide du trait noir 

L’autre côté des fruits 
L’oiseau sur le figuier 
La plaie du cerisier 

L’autre côté du temps 
Tes sept rires brisés 
La pendule arrêtée 


« Poèmes à ma morte » 
 Jean-Jacques Dorio 
Éditions l’Harmattan 2018 

JJ.Dorio
24 08 18



Complément prosaïque 

24 août 2018 4heures du mat Fenêtre ouverte – le thermomètre de la chambre marque 27°3 – j’entends les voitures passer là-bas nuages de pneus sur « la voie rapide » c’est le vent qui m’apporte cette musique particulière Je viens d’ajouter 3 textes dont un de mes « poèmes à ma morte » qui s’afficheront sous mon aquarelle intitulée « nourrir la feuille d’ombre », ceci pour la dizaine de lecteurs du blog quotidien poèmes (sic) poésie mode d’emploi – poèmes correspondrait mieux à l’esprit de cet espace numérique. 

Pour mes « lecteurs bénévoles » (bienveillants) comme s’adressait à eux Montaigne, ceux et celles qui prennent soin et font attention à mes écrits, j’ajoute qu’au-delà de la formule « nourrir la feuille d’ombre » (je veux bien admettre qu’elle est obscure), il s’agit avec ce titre d’un mode d’être, d’une manière et d’un regard (indissociables) « d’une conscience de la précarité des différences et de la rapidité avec laquelle elles peuvent devenir indifférentes (ou tout simplement invisibles)* 

Etc 


 *Marielle Macé (Styles- Critique de nos formes de vie) 2016 





***



 NOURRIR LA FEUILLE D’OMBRE


 Le masque du loup a envahi la feuille
nuit des chauves-souris leurs ailes n’ont plus de zèle
le rouge et le jaune sont des lueurs courant dans le noir
visages inquiétants jaillis des ténèbres
feuille nourrie d’ombre
pour que soit la lumière
et naisse au matin le bleu de cæruleum
  
Maria-D
24 08 2018



***



NOURRIR LA FEUILLE D’OMBRE 

Par la fenêtre ouverte j’entends le bruit des âmes, la nuit les a cloîtrées dans sa forêt d’ébène. Les nuages sont percés et déversent leurs larmes sur la terre, elles sont rouges. Étincelles et lueurs dans la nuit diluvienne. Les arbres sont dépecés, leur écorce grimace. Demain il fera jour, je me lèverai à l’aube nourrir la feuille d’ombre. 


J… ♥♥♥
16 mai 2020 



***




NOURRIR LA FEUILLE D'OMBRE


Nourrir nos morts 
par des pensées 
coquelicots 

des souvenirs 
traits de lumière 

des sourires 
feuilles d'or 
dans la nuit noir 

des silences 
recueil d'azur 

suivre le fil 
qui nous relie 

coexistence 
du noir du blanc 
perte et présence 
indissociées 

dis moi ton nom 
petit être bleu 

ce qui nait 
de sous la ramée 


16 mai 2020



***



                                                  l'autre versant toujours 
                                                  celui plus sombre 
                                                  (avec une sorte de pesanteur) 
                                                  au sein de figures floues 
                                                  et de ses recoins d'ombres 
                                                  où cela déborde et s'enchevêtre 
                                                  où cela se dérobe sans fin 
                                                  où l'on s'immerge malgré tout 
                                                  où l'on frotte la langue 
                                                  où l'on cherche une source 
                                                  où écrire enfin se love 


16 mai 2020



***



                                                       L'encre noire comme le sang 
                                                       Le sang bleu comme la terre 
                                                       La terre blanche comme la glaise 
                                                       Zébrée de paroles figurées 
                                                       Sur la toile et le firmament 
                                                       Sur la page vierge où flambent 
                                                       Les images de nos cinq sens 
                                                       Figures noires nous regardant  


16 mai 2020



***



Sang d’encre
"bleue comme une orange"*
au large de la terre
l’argile entre les mains
un geste maîtrisé
sur le tour du potier
le calme est retrouvé
l’ange noir peut s’en aller


*P. Eluard
Maria-D
16 mai 2020





vous qui passez par ici
observez l'aquarelle et si le cœur vous le dit 
à vos plumes pour un poème qui s’intitulerait
"NOURRIR LA FEUILLE D'OMBRE"

6 commentaires:

J... a dit…

NOURRIR LA FEUILLE D’OMBRE
Par la fenêtre ouverte j’entends le bruit des âmes, la nuit les a cloîtrées dans sa forêt d’ébène. Les nuages sont percés et déversent leurs larmes sur la terre, elles sont rouges. Étincelles et lueurs dans la nuit diluvienne. Les arbres sont dépecés, leur écorce grimace. Demain il fera jour, je me lèverai à l’aube nourrir la feuille d’ombre.
J… ♥♥♥

estourelle a dit…

NOURIR LA FEUILLE D'OMBRE

Nourir nos morts
par des pensées
coquelicots

des souvenirs
traits de lumière

des sourires
feuilles d'or
dans la nuit noir

des silences
recueil d'azur

suivre le fil
qui nous relie

coéxistence
du noir du blanc
perte et présence
indissociées

dis moi ton nom
petit être bleu

ce qui nait
de sous la ramée

Laura-Solange a dit…

l'autre versant toujours
celui plus sombre
(avec une sorte de pesanteur)
au sein de figures floues
et de ses recoins d'ombres
où cela déborde et s'enchevêtre
où cela se dérobe sans fin
où l'on s'immerge malgré tout
où l'on frotte la langue
où l'on cherche une source
où écrire enfin se love

mémoire du silence a dit…

merci à vous trois pour votre fidélité à ce rendez-vous quotidien et poétique autour de l'ami Dorio...

Pour vous petit cadeau du jour :


DIRE : FAIRE

Entre ce que je vois et dis,
entre ce que je dis et tais,
entre ce que je tais et rêve,
entre ce que je rêve et oublie,
la poésie.
Elle glisse
entre le oui et le non :
elle dit
ce que je tais,
elle tait
ce que je dis,
elle rêve
ce que j’oublie.
Elle n’est pas un dire :
elle est un faire.
Elle est un faire
qui est un dire.
La poésie
se dit et s’entend :

elle est réelle.
Et à peine je dis
« elle est réelle »,
elle se dissipe.
Est-elle ainsi plus réelle ?

Idée palpable,
mot
impalpable :
la poésie
va et vient
entre ce qui est
et ce qui n’est pas.
Elle tisse des reflets
et les défisse.
La poésie
sème des yeux sur la page,
sème des mots dans les yeux.
Les yeux parlent,
les mots regardent,
les regards pensent.
Entendre
les pensées,
voir
ce que nous disons,
toucher
le corps de l’idée.
Les yeux
se ferment,
les mots s’ouvrent.

Octavio Paz /Entre ce que je vois et ce que je dis.



>>> Merci et beau jour

DORIO a dit…

L'encre noire comme le sang
Le sang bleu comme la terre
La terre blanche comme la glaise
Zébrée de paroles figurées
Sur la toile et le firmament
Sur la page vierge où flambent
Les images de nos cinq sens
Figures noires nous regardant

mémoire du silence a dit…

Sang d’encre
bleue comme une orange
au large de la terre
l’argile entre les mains
un geste retrouvé
sur le tour du potier
le calme est maîtrisé
l’ange noir peut s’en aller