Dans l’interstice
entre le jour et la nuit
chuchote une voix
venue
d’un temps ancien
la variation de son timbre
emplit cet intervalle
entre chien et loup
les étoiles se taisent
le soleil bâille
derrière l’horizon
il n’y a plus d’après
il n’y a plus d’avant
il y a cette clarté
du commencement

2 commentaires:
le telps suspendu, la fraîcheur de l'air comme pour prendre élan
Élévation
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l’air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins ;
Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
– Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !
Charles Baudelaire (Les fleurs du mal)
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