vendredi 12 février 2016

ocre est le jour







Ocre est le jour
le vert est sous l'arbre

entre les branches des silhouettes de femmes
          odeur d'humus et de terre mouillée
la lumière se suspend
les ombres enlacent les rêves

à l'oreille de la nuit
le vent murmure des mots hors du temps
                         hors d'usage

mots rêvés
dissimulés





9 commentaires:

Anonyme a dit…

émue je marchais tout contre ce paysage hier. femme silencieuse. merci comme vous êtes poète.
photodilettante

Fannçois/O a dit…

"l'oreille de la nuit" écoute attentivement les petits et grands tourments.

Estourelle a dit…

tes mots et peintures surréalistes
me charment et m'enchantent!

Bernard a dit…

"A mesure qu’on avance dans la vie, on s’aperçoit que tout a lieu selon je ne sais quelle entente préalable dont on ne souffle mot, à laquelle on ne pense même pas, mais dont on sait pourtant qu’elle existe quelque part, au-dessus de nos têtes. Le plus efficace d’entre les hommes sourit, aux premières rencontres, comme s’il était le vieux complice du destin de ses frères. Et dans le domaine où nous sommes, ceux-là même qui savent parler le plus profondément sentent le mieux que les mots n’expriment jamais les relations réelles et spéciales qu’il y a entre deux êtres. Si je vous parle en ce moment des choses les plus graves, de l’amour, de la mort ou de la destinée, je n’atteins pas la mort, l’amour ou le destin, et malgré mes efforts, il restera toujours entre nous une vérité qui n’est pas dite, qu’on n’a même pas l’idée de dire, et cependant cette vérité qui n’a pas eu de voix aura seule vécu un instant entre nous, et nous n’avons pas pu songer à autre chose. Cette vérité, c’est notre vérité sur la mort, le destin ou l’amour ; et nous n’avons pu l’entrevoir qu’en silence. Et rien, si ce n’est le silence, n’aura eu d’importance. « Mes soeurs, dit un enfant dans un conte de fées, vous avez chacune votre pensée secrète et je veux la connaître. » Nous aussi nous avons quelque chose que l’on voudrait connaître, mais elle se cache bien plus haut que la pensée secrète ; c’est notre silence secret. Mais les questions sont inutiles. Toute agitation d’un esprit sur ses gardes devient même un obstacle à la seconde vie qui vit dans ce secret ; et pour savoir ce qui existe réellement, il faut cultiver le silence en soi, car ce n’est qu’en lui que s’entr’ouvrent un instant les fleurs inattendues et éternelles, qui changent de forme et de couleur selon l’âme à côté de laquelle on se trouve. Les âmes se pèsent dans le silence, comme l’or et l’argent se pèsent dans l’eau pure, et les paroles que nous prononçons n’ont de sens que grâce au silence où elles baignent. Si je dis à quelqu’un que je l’aime, il ne comprendra pas ce que j’ai dit à mille autres peut-être ; mais le silence qui suivra, si je l’aime en effet, montrera jusqu’où plongèrent aujourd’hui les racines de ce mot, et fera naître une certitude silencieuse à son tour, et ce silence et cette certitude ne seront peut-être pas deux fois les mêmes dans une vie…
   N’est-ce pas le silence qui détermine et qui fixe la saveur de l’amour ? S’il était privé du silence, l’amour n’aurait ni goût ni parfums éternels. Qui de nous n’a connu ces minutes muettes qui séparaient les lèvres pour réunir les âmes ? Il faut les rechercher sans cesse. Il n’y a pas de silence plus docile que le silence de l’amour : et c’est vraiment le seul qui ne soit qu’à nous seuls. Les autres grands silences, ceux de la mort, de la douleur ou du destin, ne nous appartiennent pas. Ils s’avancent vers nous, du fond des événements, à l’heure qu’ils ont choisie, et ceux qu’ils ne rencontrent pas n’ont pas de reproches à se faire. Mais nous pouvons tous sortir à la rencontre des silences de l’amour. Ils attendent nuit et jour au seuil de notre porte et ils sont aussi beaux que leurs frères. Grâce à eux, ceux qui n’ont presque pas pleuré peuvent vivre avec les âmes aussi intimement que ceux qui furent très malheureux ; et c’est pourquoi ceux qui aimèrent beaucoup savent aussi des secrets que d’autres ne savent pas ; car il y a, dans ce que taisent les lèvres de l’amitié et de l’amour profonds et véritables, des milliers et des milliers de choses que d’autres lèvres ne pourront jamais taire…"
~ Maurice Maeterlinck • Le Silence (extrait) / Le Trésor des Humbles – 1896 ~

Alain Gojosso a dit…

J'aime particulièrement celle-ci, sans doute parce qu'elle parle à mes sens (sourire).

Merci pour ce beau partage et bien à vous.

mémoire du silence a dit…

@ VOUS TOUS grand merci pour vos mots posés, murmurés, susurrés, soufflés, votre attention et votre partage... que la vie vous soit douce et les jours heureux

Estourelle a dit…

Je me suis permise de m'inspirer de ton tableau pour le texte du jour des cents mots de Queneau je te mets le lien http://temposubito.blogspot.fr/2016/02/vegetal.html
Merci encore à toi pour ça

Voyage en Poemie a dit…

Que ne se glisse-t-il pas entre les arbres et sous votre plume! Tant de poésie, tant de rêve à saisir dans un souffle.

Maïté/Aliénor a dit…

Désolée, j'ai cliqué trop vite. Voyage en Poémie c'est moi.